Dans son article, Aaron « réhabilite » le travail de Pierre Hillard sur les Loubavitch, alors qu’Alain Soral l’avait conchié, tout en « soulignant ses faiblesses ». Intention habile mais qui, faute de fond, se vautre dans l’exécution et peine à convaincre les plus de vingt ans.
On croit rêver. En creux : validation de la kabbale et des pouvoirs magiques des « supérieurs inconnus » et outre l’immodestie assez caricaturale de cet Aaron, plusieurs contre-vérités flagrantes ou tours de passe-passe sont à pointer.
Le problème avec ces thèmes est que les gens qui les traitent ont des lacunes en matière d’ésotérisme ; c’est pour cela, d’ailleurs, que leurs exposés (dont nous ne nions pas la valeur) se résument souvent en un « historique », plutôt que d’exposer les raisons profondes des choses.
Telle est la rengaine habituelle des guénoniens de salon. Pour les avoir observés depuis mon enfance, leur tic est toujours le même : distribuer des brevets d’incompréhension à ceux qui ne partagent pas leur catéchèse.
Le procédé est d’une constance désarmante :
- Guénon n’écrit que pour ceux qui peuvent comprendre (exit les profanes).
- Je lis Guénon, donc je suis apte à le comprendre ; donc, virtuellement initié.
- Je me borne à ânonner Guénon comme un moine psalmodiant, sans jamais aller chercher l’initiation effective qu’il présuppose.
Mais lorsqu’on ausculte ces guénoniens pontifiants des réseaux, on constate que, neuf fois sur dix ils n’ont jamais mis un pied dans la moindre structure initiatique. Ni maçonnerie, ni confrérie, ni quoi que ce soit d’approchant.
Cette prétention de substitution est la marque des petits clercs du guénonisme. Aaron s’y inscrit parfaitement, d’autant plus qu’il échoue à répondre à la question qu’il formule pourtant lui-même :
Quoique Pierre Hillard ait parlé (avec raison) de « l’empire Loubavitch », a-t-il réellement saisi la nature de leur empire ?
Question posée, question esquivée. Aaron se contente de balancer quelques allusions fumeuses, espérant que le lecteur comble lui-même les vides.
Or, même en admettant les activités souterraines des Loubavitch 1, cela ne vient en rien contredire les dimensions financières et politiques de cet empire documentées dans Comprendre l’empire Loubavitch de Pierre Hillard.
Mais là où Aaron se disqualifie, c’est que la réception de cet ouvrage 2 a précisément permis de dévoiler certains souterrains de la dissidence elle-même, E&R compris — réseau dont Aaron est, visiblement, un locataire assidu.
Et c’est depuis ce sous-sol qu’il vient à présent nous faire la leçon, avec cette suffisance toute typique des demi-savants qui confondent érudition et fatras où encore dans ce dernier exemple, Aaron prend les choses à contre-sens :
Mais il convient de ne rien simplifier, car si le rebbe de Loubavitch a pu prédire l’élection de Netanyahu, c’est qu’il y a nécessairement des portions de l’eschatologie juive qui ne sont pas inexactes.
D’une part, parce que l’eschatologie — qu’elle soit juive ou non — repose systématiquement sur des ressorts ésotériques, et doit être comprise avant tout comme un programme d’action, non comme une simple prophétie contemplative. Les « initiés », en franc-maçonnerie comme ailleurs, ne spéculent pas sur l’avenir : ils travaillent à le produire via le plan qui leur est transmis 3.
Si ce déroulement relevait uniquement du destin, on n’aurait pas besoin d’autant d’agents actifs pour le mettre en œuvre.
C’est là que réside le véritable angle mort de la dissidence. Toute la stratégie d’E&R, comme celle de tant d’autres officines antisionistes auto-proclamées 4, consiste à enterrer la question loubavitch : soit en n’en parlant jamais, soit en la tournant en dérision. Aaron, ici, s’inscrit parfaitement dans cette logique de diversion, recentrant les projecteurs sur les marionnettes officielles — Benjamin Netanyahou et sa clique d’exécutants interchangeables — pour minimiser le rôle des Loubavitch, Guénon et autres agents de cette Kabbale qui n’a finalement que le tort de ne pas toujours être bien comprise !
Netanyahou, alias le Machia’h ben Yossef, destiné à être sacrifié au moment opportun pour laisser la place — et surtout la voie royale — à ceux que cette dissidence prend bien soin de ne jamais nommer.
Merci Aaron pour cette nouvelle démonstration, c’était moins pire avant.
Gregor Ovitch
1 – Cf. Bouchet Double XI – Habad Underground
2 – Cf. L’Empire Loubavich ou l’éléphant qui voulait se faire souris dans ODA #3 de Monsieur K.
3 – Plan du Troisième temple incluant le noachisme dont on ne parle curieusement jamais !
4 – Il ne s’agit évidemment pas de mettre en cause les adhérents ou militants antisionistes de base, dont l’engagement est souvent sincère et fondé sur des convictions honnêtes. En revanche, la responsabilité incombe aux cadres et aux auteurs de la dissidence antisioniste, qui multiplient les contorsions intellectuelles pour mettre en avant les juifs religieux antisionistes — et, dans un amalgame particulièrement grossier, les Loubavitch eux-mêmes, pourtant hyperactifs sur le plan politique mondial. Ce faisant, ils feignent d’oublier un point fondamental : quelle que soit la coloration politique ou religieuse en surface, une fois le Machia’h advenu, c’est le même tarif pour tous les goyim. Ce qu’ils savent parfaitement.
