Depuis 35 ans David Livingstone enquête sur les dessous de l’histoire. Chaque semaine depuis le 7 octobre 2024, nous publions un chapitre de son livre Sionisme : Histoire d’une hérésie du judaïsme.
L’idéalisme magique
Selon Christoph Schulte, c’est précisément pendant les années de la Haskala et de la Wissenschaft des Judentums que les romantiques chrétiens se sont approprié la Kabbale. Leur intérêt était une réaction à, comme l’a écrit Hegel, “l’aridité ‘religieuse’ des partisans du rationalisme”. Leur attirance, comme le note Schulte, “pour la philosophie de la nature, pour la magie, pour le mythe et le panthéisme, ou même pour la cosmogonie et la théogonie, tout cela est attiré et enflammé par la Kabbale”.971 Comme l’expliquent les éditeurs de Kabbala und die Literatur der Romantik (“La Kabbale et la littérature du romantisme”) :
Le passage de la fin du siècle des Lumières au début du romantisme a suscité un nouvel intérêt pour la Kabbale : alors que la connaissance de la mystique juive était encore largement répandue, même parmi les juifs éclairés comme Mendelssohn ou Salomon Maimon, des éléments de la Kabbale fascinaient désormais les auteurs romantiques chrétiens comme Novalis, Friedrich Schlegel, Clemens Brentano, Achim von Arnim et E.T.A. Hoffmann.972
Au XVIIIe siècle, le but de l’art et de la littérature était d’imiter la nature. Les romantiques, quant à eux, affirmaient que l’art ne devait pas imiter la nature, mais plutôt éclairer ses secrets sombres, irrationnels et surnaturels, afin de comprendre les profondeurs de l’existence spirituelle de l’homme.973 Les romantiques ont fait l’éloge du monde de la Renaissance, qui considérait l’art, la magie, la science et la philosophie comme fondamentalement harmonieux. Les XVIIe et XVIIIe siècles ont modifié cette perception en introduisant l’idée d’un matérialisme rationnel, opposé au mysticisme et à la magie. Impressionnés par le développement scientifique rapide de leur époque, mais simultanément déçus par le matérialisme rationnel, les romantiques ont défendu la nécessité d’établir un autre type de philosophie scientifique qui ne distinguerait pas le matériel et le spirituel, et unirait la science, la philosophie, l’art, la religion et la beauté.
Selon Marina Aptekman, “cette vision du monde reflète la pensée utopique idéaliste des romantiques allemands, qui faisait largement écho aux croyances messianiques et utopiques des mystiques rosicruciens du XVIIe siècle”.974 La raison pour laquelle le langage poétique a soudainement commencé à jouer un rôle si important dans la philosophie littéraire du début du XIXe siècle, explique Aptekman, se trouve dans la conception romantique de l’âge d’or, qui trouve sa source dans les textes mystiques des XVIIe et XVIIIe siècles. La tradition rosicrucienne a fait l’éloge de la Kabbale parce qu’elle la considérait comme une “science mystique” qui permettait à l’homme de retrouver la connaissance, traitant de la signification mystique des lettres et des nombres, perdue après la chute d’Adam. Ainsi, selon Aptekman, “de toutes les connaissances spirituelles perdues par Adam à la suite de sa chute, les romantiques allemands s’intéressaient avant tout à la récupération de la langue divine. Ils pensaient qu’en l’obtenant à nouveau, ils pourraient rétablir les correspondances perdues entre l’homme et la nature et ramener ainsi l’âge d’or”.975
Les romantiques allemands ont choisi la Kabbale, et en particulier son mysticisme linguistique, comme base de leur idéologie poétique. Comme l’explique Wolfgang Neuser dans Theoretischer Hintergrund für die Rezeption der Kabbala in der Romantik (“Contexte théorique de la réception de la Kabbale dans le romantisme”), “ce qui est commun et formateur pour les traditions qui se chevauchent (néoplatonisme, gnosticisme, hermétisme, Kabbale), c’est l’idée que le monde entier, qui est le divin dans la création, doit être le point de départ de toute pensée”.976 C’est cet effort qui a conduit les romantiques à faire revivre les interprétations alchimiques de la philosophie kabbalistique et à les placer au centre de leur propre concept de “mystique scientifique”. Cette interprétation de la Kabbale, explique Aptekman, “avait été auparavant largement utilisée par les mystiques ou les magiciens, mais n’avait jamais, avant le romantisme allemand, été placée au centre d’une théorie esthétique”.977
En effet, selon Schulte, la Kabbale représente la tradition originelle dans la langue de Dieu et la langue d’origine hébraïque. La phrase de Hamann, dans une lettre à Jacobi, selon laquelle la langue est “la mère de la raison et de la révélation, son alpha et son oméga”, explique Schulte, marque le point de convergence des romantiques face à la raison pure des Lumières.978 Ce nouveau rapport à la langue, et en particulier à l’hébreu en tant que langue de Dieu et langue originelle de l’humanité, langue de la “poésie hébraïque” et du Volksgeist juif, selon Herder, est devenu le point de départ de la diffusion romantique de la Kabbale. La raison en est, comme le note encore Schulte, que la référence à la langue et à l’écriture comme moyen de révélation constitue la base de l’opposition religieuse au théisme des Lumières.979
L’idée de l’inséparabilité du monde matériel et du monde spirituel est devenue la pierre angulaire du romantisme allemand, en particulier de Schelling, selon lequel ces deux mondes devraient être unis dans un seul et même absolu, et toute connaissance devrait être poétisée et spiritualisée. Pour Schelling, le scientifique idéal était un alchimiste, mais aussi un philosophe, souvent un musicien, et généralement un poète ou un artiste. Paracelse, Agrippa et d’autres alchimistes de la Renaissance ont joué un rôle important dans la philosophie de Schelling. L’œuvre de Schelling a également été influencée par Saint-Martin, et probablement aussi par Martinès de Pasqually.980
Cette croyance en l’union de l’art et de la science, mais aussi en l’union de toutes les sciences, est particulièrement évidente dans les œuvres de Novalis. Cette notion d’idéalisme magique, qui imprègne la littérature et la philosophie de Novalis, est un élément central du premier romantisme. Entre l’automne 1798 et le printemps 1799, Novalis rédige un projet intitulé Encyklopaedistik. Dans ses notes, généralement appelées Brouillon, il poursuit le projet de réunir toutes les sciences en une “science universelle”. Au service du projet romantique de restauration de l’identité linguistique primordiale perdue, Novalis utilise le langage de la sémiotique, en identifiant le signe et le référent au concept de langage magique de la Kabbale. Dans le contexte d’une “doctrine des signifiants” et d’une “mystique grammaticale” de l’écriture en tant que “magie”, il note sous le mot-clé “MAGIE, (linguistique mystique)” dans Das Allgemeine Brouillon, “Sympathie du signe avec le signifié (une des idées fondamentales des kabbalistes)”.981 Selon Novalis, la Kabbale “est une langue de signes mystiques, qui nous prouvent qu’il existe des correspondances mystiques entre l’homme, l’univers et le langage”.982 De même, Schlegel a qualifié la Kabbale de “grammaire mystique, un art combinatoire qui, par le biais du langage, fait sortir les idées du chaos”.983 Dans une note datant de 1800, Friedrich Schlegel écrit : “La véritable esthétique poétique est la Kabbale”.984 L’année précédente, Schlegel avait griffonné la formule suivante : “poésie = science absolue + art absolu = magie = alchimie + kabbale”.985 Pour Schlegel, “le but de la Kabbale est de créer la nouvelle langue, car elle sera l’organe de contrôle des esprits”. 986
Les frères Sérapions
Die Serapionsbrüder doit son nom à un cercle d’écrivains qui se réunissaient régulièrement pour discuter des arts dans l’appartement berlinois d’E.T.A Hoffmann (1776 – 1822), auteur romantique allemand de romans fantastiques et d’horreur gothiques, juriste, compositeur, critique musical et artiste. Outre Hoffmann lui-même, ce cercle, appelé les Serapionsbrüder, d’après saint Séraphin de Montegranaro (1540-1604), comprenait Adelbert von Chamisso, David Ferdinand Koreff, Theodor Gottlieb von Hippel, Karl Wilhelm Salice-Contessa, Friedrich de la Motte Fouqué et son futur biographe, un voisin et collègue juriste nommé Julius Eduard Hitzig (1780-1849), petit-fils de Daniel Itzig (1723-1799), juif de la cour des rois Frédéric II le Grand et Frédéric-Guillaume II de Prusse, et membre éminent des Frères asiatiques.
Jeune écrivain, Hoffmann fait la connaissance de Johann Paul Friedrich Richter (1763 – 1825), connu sous le nom de Jean Paul, qui l’influencera longtemps.987 Paul a également été répertorié par la police impériale française parmi les idéalistes associés aux Illuminati.988 En 1796, Paul s’installe à Weimar, où il se lie d’amitié avec Herder et rencontre Goethe et Schiller. En 1800, il se rend à Berlin où il se lie d’amitié avec les frères Schlegel, Tieck et Fichte. Paul a eu une influence considérable sur le compositeur Robert Schumann, ainsi que sur la première symphonie de Gustav Mahler. En France, il a été popularisé notamment par Le songe, traduction approximative faite par Madame de Staël du Discours du Christ mort extrait des Siebenkäs, publiée entre 1796 et 1797. Paul est le premier à nommer le motif littéraire du Doppelgänger, qu’il utilise dans le Siebenkäs. Ce motif a également été adopté par Hoffmann pour ses Élixirs du diable (1815), décrits par certains critiques littéraires comme appartenant au genre du roman gothique, appelé Schauerroman en allemand.989
Hoffmann était un ami de Zacharias Werner (1768 – 1823), poète, dramaturge et prédicateur allemand, qui fit la connaissance de Goethe à Weimar et de Madame de Staël à Coppet. Plusieurs des poèmes dramatiques de Werner étaient destinés à évangéliser la franc-maçonnerie. Sa duologie dramatique publiée en anglais sous le titre The Templars in Cyprus et The Brethren of the Cross est basée sur l’idée que certains survivants de la suppression des Templiers se sont échappés en Écosse et ont fondé la franc-maçonnerie. Beethoven a envisagé la première partie comme un possible projet d’opéra.990
Bien que Friedrich de la Motte Fouqué (1777 – 1843) ait abandonné ses études universitaires à Halle pour s’engager dans l’armée et qu’il ait participé à la campagne du Rhin en 1794, le reste de sa vie a été consacré principalement à des activités littéraires. Fouqué était lié à Achim von Arnim, qui, avec son beau-frère Clemens Brentano, faisait partie du groupe de Coppet de Mme de Staël et qui fut identifié avec elle par la police impériale française comme membre des Illuminati.991 Fouqué est présenté à August Wilhelm Schlegel, qui l’influence profondément en tant que poète et qui publie son premier livre, Dramatische Spiele von Pellegrin, en 1804. Frédéric-Guillaume IV de Prusse lui accorde une pension qui lui permet de passer ses dernières années dans le confort.992 Sigurd der Schlangentödter (“Sigurd le tueur de serpents”), de 1808, est la première mise en scène allemande moderne de la légende du Nibelung, combinant des sources islandaises telles que la Volsunga Saga et le Nibelungenlied en moyen-haut allemand. En 1828, Fouqué publie sa pièce Der Sängerkrieg auf der Wartburg (“Le concours de chant sur la Wartburg”).
Venusberg
Hoffmann a été l’un des premiers à écrire des histoires d’horreur, ce qui fait de lui un exemple précoce du romantisme noir. Il a influencé des écrivains tels que Richard Wagner, Edgar Allan Poe, Robert Louis Stevenson, Charles Baudelaire, Heinrich Heine, Franz Kafka et Freud.993 Hoffmann s’intéressait profondément au mesmérisme, à la Kabbale et à l’occultisme.994 Son conte Der Sandmann (“Le marchand de sable”) reprend la légende kabbalistique du golem. Les histoires d’Hoffmann constituent la base de l’opéra de Jacques Offenbach Les Contes d’Hoffmann, dont le héros est un Hoffmann fortement romancé. Il est également l’auteur du roman Casse-Noisette et le roi des souris, sur lequel est basé le ballet Casse-Noisette de Tchaïkovski. Le ballet Coppélia est basé sur Der Sandmann d’Hoffmann, tandis que Kreisleriana de Schumann est basé sur le personnage d’Hoffmann, Johannes Kreisler. Le célèbre essai de Freud, Das Unheimliche (“L’inquiétude”), publié en 1919, a pour thème central le Marchand de sable.
Der Kampf der Sänger (“La bataille des chanteurs”), commémorant le Sängerkrieg de la Wartburg, est une histoire d’Hoffmann, dans la troisième section du deuxième volume du cycle de contes et de récits Die Serapionsbrüder (“Les frères Séraphin”), publié entre 1819 et 1821, qui représente également un résumé de son œuvre littéraire. Hoffmann s’est inspiré de l’histoire de Johann Christoph Wagenseil et de Heinrich von Ofterdingen de Novalis, roman fragmentaire publié à titre posthume par Friedrich Schlegel en 1802. Bien que Novalis ait dû renoncer à achever l’œuvre, les nombreuses notes qu’il a conservées et le rapport de Ludwig Tieck permettent de suivre assez facilement la suite prévue du roman. Le symbole bien connu de la fleur bleue, devenu emblématique du romantisme, symbolisant le désir, l’amour et la quête métaphysique de l’infini, est également issu du roman. Ludwig Tieck a également publié le conte du Venusberg dans son recueil Romantische Dichtungen de 1799. La version la plus ancienne du récit de la légende du Venusberg, sans mention du nom de Tannhäuser, est rapportée pour la première fois sous la forme d’une ballade par l’écrivain provençal Antoine de La Sale (1385/86 – 1460/61). En 1434, René d’Anjou fait de La Sale le précepteur de son fils, Jean II, duc de Lorraine, auquel il consacre, entre les années 1438 et 1447, sa Salade, manuel des études nécessaires à un prince.
Tannhäuser était un minnesinger allemand et un poète itinérant qui a vécu entre 1245 et 1265. Le Codex Manesse, manuscrit illustré du quatorzième siècle, le représente vêtu de l’habit de l’Ordre Teutonique, ce qui suggère qu’il a peut-être combattu lors de la sixième croisade menée par l’empereur Frédéric II en 1228/1229. D’après un récit légendaire de son Bußlied, Tannhäuser a trouvé le Venusberg, la demeure souterraine de Vénus, et y a passé un an à vénérer la déesse. Après avoir quitté le Venusberg, Tannhäuser est pris de remords et se rend à Rome pour demander au pape Urbain IV (v. 1195 – 1264) s’il est possible d’être absous de ses péchés. Urbain répond que le pardon est impossible, tout comme le serait la floraison de son bâton papal. Trois jours après le départ de Tannhäuser, le bâton d’Urbain fleurit. Des messagers sont envoyés pour rappeler le chevalier, mais il est déjà retourné à Venusberg, pour ne plus jamais être revu. Ayant refusé un pénitent, le pape a été puni de la damnation éternelle. 995
Dans le folklore allemand du XVIe siècle, le récit du Venusberg, motif du folklore européen repris dans diverses légendes et épopées depuis le bas Moyen Âge, a été associé au ménestrel Tannhäuser, obsédé par le culte de la déesse Vénus. Le Venusberg, en tant que nom de l’autre monde ou de la féerie, est mentionné pour la première fois en allemand dans Formicarius par Johannes Nider (vers 1380 – 1438), prieur du couvent dominicain de Nuremberg. Nider a acquis une grande réputation en Allemagne en tant que prédicateur et a participé activement au concile de Constance. Il s’identifie au concile de Bâle en tant que théologien et légat, et effectue plusieurs ambassades auprès des Hussites. Parmi ses nombreux écrits, le plus important est le livre cinq du Formicarius, le deuxième livre jamais imprimé traitant de la sorcellerie après le Fortalitium Fidei d’Alphonso de Spina. Des sections sur les sorcières seront publiées plus tard dans le Malleus Maleficarum, généralement traduit par le “Marteau des sorcières”, le traité le plus connu censé traiter de la sorcellerie, écrit par l’ecclésiastique catholique allemand Heinrich Kramer et publié pour la première fois en 1486. La version de Praetorius (1630 – 1680) a été incluse dans Des Knaben Wunderhorn, d’Achim von Arnim et Clemens Brentano.
Gespensterbuch
Les Élixirs du Diable de Hoffmann met en scène un garde-chasse qui prétend avoir une querelle avec les Freischützen, lesquels sont incapables de le tuer en raison de sa foi. Lorsque l’apprenti du garde-chasse, Franz, ne parvient pas à abattre ce qu’il pense être le diable, une rumeur se répand selon laquelle le diable aurait approché Franz et lui aurait offert des balles magiques.996 Der Freischütz est basé sur une histoire de Johann August Apel (1771 – 1816) et Friedrich Laun (1770 – 1849), tirée de leur recueil de 1810, Gespensterbuch, un recueil d’histoires de fantômes allemandes. Apel et Laun connaissaient tous deux Goethe, dont la pièce Claudine von Villa Bella (1776) a peut-être influencé Die Todtenbraut (“La fiancée morte”) de Laun. Robert Stockhammer avait noté que Der Todtenkopf (“Le crâne”) de Laun contient des personnages inspirés de Cagliostro, sur lequel Goethe avait écrit, et dont il a peut-être été question lors de la visite de Laun à Goethe en 1804.997 L’Erlkönig (1782) de Goethe, qui décrit la mort d’un enfant assailli par un être surnaturel, l’Erlkönig (Roi des aulnes), un roi des fées, a également inspiré le poème d’Apel, Alp. 998
La plupart des histoires de Fantasmagoriana, une anthologie française d’histoires de fantômes allemandes, traduite anonymement par Jean-Baptiste Benoît Eyriès et publiée en 1812, sont tirées des deux premiers volumes du Gespensterbuch d’Apel et Laun, avec d’autres histoires de Johann Karl August Musäus, membre des Illuminati et de la loge Anna Amalia de Weimar. Musäus fut l’un des premiers collecteurs d’histoires populaires allemandes, surtout célèbre pour son Volksmärchen der Deutschen (1782-1787). Les Nachgelassene Schriften (1791) de Musäus ont continué à être publiés par l’éditeur Illuminati Nicolai – un ami de Moses Mendelssohn – avec des contributions de Ludwig Tieck.999 Après la mort de Musäus en 1787, sa veuve demanda à Christoph Martin Wieland de publier une version rééditée des contes, ce qu’il fit sous le titre Die deutschen Volksmährchen von Johann August Musäus (1804-1805).
Julius Eduard Hitzig était ami avec Hoffmann, de la Motte Fouqué et Adelbert von Chamisso (1781 – 1838), qui rejoignit le cercle de Madame de Staël et la suivit dans son exil à Coppet en Suisse.1000 Peter Schlemihls wundersame Geschichte (“L’histoire merveilleuse de Peter Schlemihl”), écrit par Chamisso en 1813, est un conte de fées dans lequel un homme vend son ombre au diable contre un sac rempli d’or qui ne s’épuise jamais. À la fin du texte, il est mentionné que Schlemihl est juif, puisque le nom est tiré du folklore juif.1001 L’œuvre de Chamisso a permis de populariser le mot Schlemiel, un terme yiddish désignant une “personne inepte/incompétente” ou un “imbécile”.1002 Dans Die Abenteuer der Sylvester-Nacht (“Les aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre”) d’Hoffmann, Schlemihl apparaît comme un personnage secondaire et illustre ainsi le destin du protagoniste de Die Geschichte vom verlorenen Spiegelbild (“L’histoire de l’image miroir perdue”). Hans Christian Andersen a utilisé le motif de l’ombre perdue dans son conte de fées L’Ombre en 1847.
Hoffmann a également écrit un opéra basé sur l’histoire gothique de Fouqué, Ondine (1816), dont Fouqué a écrit le livret. Ondine est un conte de fées (Erzählung) dans lequel Ondine, un esprit de l’eau, épouse un chevalier nommé Huldbrand afin de gagner une âme. Dans le Livre des nymphes, l’alchimiste Paracelse invente le terme d’”ondine”, qui peut gagner une âme immortelle en épousant un humain, et mentionne l’histoire de Mélusine comme exemple, ainsi que l’histoire de Peter von Staufenberg, qui peut être classée comme une variante de la légende de Mélusine ou comme appartenant à la tradition du Chevalier au Cygne.1003 Une influence plus directe sur Fouqué aurait été le Comte de Gabalis (“Comte de Cabala”), un roman rosicrucien publié en 1670 par l’abbé Montfaucon de Villars, qui adaptait les idées de Paracelse.1004
Achim von Arnim et Fouqué ont tous deux écrit des histoires sur la superstition médiévale selon laquelle la racine de mandragore de forme humanoïde était produite par le sperme des pendus sous la potence. Les mandragores contiennent des propriétés hallucinogènes et, depuis l’Antiquité, on leur prête des vertus aphrodisiaques. La racine est associée à la fertilité dans la Bible, dans le livre de la Genèse et le Cantique des cantiques. Selon une superstition, la racine de mandragore crierait et pleurerait lorsqu’on l’arrache du sol, tuant quiconque l’entendrait. Cette référence est incorporée dans la mandragore fictive décrite dans Harry Potter et la Chambre des secrets. Les alchimistes prétendaient que les pendus éjaculaient après s’être rompu le cou et que la terre absorbait leurs dernières “forces”. La racine elle-même était utilisée dans les philtres d’amour et les potions, tandis que son fruit était censé faciliter la grossesse. Les sorcières qui “faisaient l’amour” avec la racine de la mandragore étaient censées produire une progéniture dépourvue de sentiments d’amour véritable et d’âme.1005
Dans le récit d’Arnim, intitulé Isabella von Ägypten, Kaiser Karl des Fünften erste Jugendliebe (“Isabelle d’Égypte, premier amour de jeunesse de l’empereur Charles Quint”), le duc Michel, souverain de tous les Gitans d’Égypte, est pendu à Gand à tort comme voleur. Après la mort de son père, sa fille unique Isabella découvre des livres occultes parmi les biens de son père, qu’elle utilise Isabella produit un Alraun, un homme miniature, à partir d’une racine de mandragore, qui se fait appeler Cornelius Nepos. Isabella tombe amoureuse du jeune prince Charles, futur empereur Charles Quint. Pour faire disparaître l’Alraun, Charles fait appel à un magicien juif qui crée un golem, Bella, proche du clone d’Isabella. Le golem Bella attaque Isabella, mais Charles efface la première syllabe Ae du mot Aemeth inscrit sur le front, ce qui la transforme à nouveau en un tas d’argile. Charles Quint et Isabelle ont un fils, mais elle le quitte pour ramener en Égypte son peuple dispersé dans toute l’Europe. Les Gitans utilisaient les mandragores comme amulettes d’amour.1006
Hoffmann est un autre romantique qui aborde le motif du golem. Dans sa nouvelle Die Geheimnisse (“Les secrets”), publiée en 1822 dans le Berliner Taschenkalender, Hoffmann associe le golem à la figure du theraphim. Dans la Bible, les theraphim sont à l’origine des idoles sémitiques ou des dieux domestiques. Selon Ibn Ezra, ils sont décrits comme des figures humaines dessinées sous certains signes du zodiaque ou comme des têtes humaines préparées et sous la langue desquelles on place une plaque de métal sur laquelle sont gravés des mots magiques afin qu’ils rendent ensuite des oracles. Dans Die Geheimnisse, les theraphim se voient attribuer le rôle d’une “image artificielle qui, en éveillant les puissances secrètes du monde des esprits, trompe par une vie apparente”. Un magicien kabbaliste sculpte dans l’argile un beau jeune homme qui est présenté à une princesse à la place d’une personne réelle. Cependant, la princesse elle-même possède des pouvoirs magiques et lorsqu’elle touche son “bien-aimé”, celui-ci tombe en poussière.1007
Horreur gothique
Les frères Grimm, à qui Brentano avait demandé de rassembler des contes de fées, ont également publié un récit de la légende juive du golem, un être censé être créé à partir de boue ou d’argile par la magie kabbalistique, que Mary Shelley (1797-1851) a ensuite adopté comme modèle pour son histoire de Frankenstein.1008 Le romantisme noir, dont on peut dire qu’il est né en Allemagne avec des écrivains comme E.T.A. Hoffmann, Fouqué, von Arnim et Chamisso, s’est également développé en Angleterre avec des auteurs comme Shelley, Lord Byron (1788 – 1824) et John William Polidori (1795 – 1821), qui sont souvent associés à la fiction gothique. À Londres, de Staël rencontre Lord Byron et l’abolitionniste William Wilberforce. Byron, alors endetté, quitte Londres et rend fréquemment visite à de Staël à Coppet en 1815, où elle dirige le groupe de Coppet. Pour Byron, de Staël est le plus grand écrivain européen vivant, mais “avec sa plume derrière les oreilles et sa bouche pleine d’encre”.1009 En 1815, Byron publie ses Mélodies hébraïques, un poème considéré comme l’une des premières œuvres littéraires du nationalisme juif.1010 Ces mélodies ont été créées en grande partie par Byron pour accompagner la musique composée par Isaac Nathan (v. 1791 – 1864), qui jouait au poète des mélodies dont il affirmait (à tort) qu’elles remontaient au service du Temple de Jérusalem. Nathan est né à Canterbury d’un hazzan (cantor juif) originaire de Pologne, Menahem Monash, et de son épouse juive anglaise, Mary (Lewis) Goldsmid. De nombreux compositeurs ont écrit des adaptations de traductions des paroles de Byron, notamment les petits-enfants de Moïse, Felix Mendelssohn, Fanny Mendelssohn, Robert Schumann, Max Bruch, Mily Balakirev et Modeste Moussorgski.
Mary Shelley et son mari Percy Bysshe Shelley (1792 – 1822) étaient également étroitement associés à Byron. Les parents de Mary, William Godwin (1756 – 1836) et Mary Wollstonecraft (1759 – 1797), faisaient partie d’un cercle d’artistes radicaux connus sous le nom de satanistes romantiques, car ils considéraient le Satan du Paradis perdu de Milton comme une figure héroïque qui se rebellait contre l’autorité “divinement ordonnée”.1011 Influencé par l’œuvre de Milton, Byron a écrit Cain : A Mystery en 1821, provoquant un tollé car la pièce met en scène l’histoire de Caïn et Abel du point de vue de Caïn, qui est inspiré par Lucifer pour protester contre Dieu. Parmi les œuvres les plus connues de Percy Shelley figurent The Rosicrucian, A Romance et Prometheus Unbound, qui assimile le Satan du Paradis perdu de Milton à Prométhée, le personnage mythologique grec qui défie les dieux et donne le feu à l’humanité. En 1816, à la Villa Diodati, une maison louée par Byron au bord du lac Léman en Suisse, Mary, Percy et Polidori décident d’organiser un concours pour savoir qui écrira la meilleure histoire d’horreur, ce qui donnera naissance au Frankenstein de Mary, inspiré par les légendes kabbalistiques du golem. Deux nouvelles tirées du Gespensterbuch d’Apel et Laun et Die schwarze Kammer (“La chambre noire”) ont été incluses dans le Fantasmagoriana (1812) de Jean-Baptiste Benoît Eyriès. Elles ont été lues par Lord Byron, Mary Shelley, Percy Bysshe Shelley, Polidori et Claire Clairmont à la Villa Diodati, et les ont inspirés pour écrire leurs propres histoires de fantômes, dont The Vampyre et Frankenstein, qui ont toutes deux contribué à façonner le genre gothique de l’épouvante.1012 Une autre histoire du Fantasmagoriana dont ils se sont inspirés est la Stumme Liebe, traduite en français par L’Amour Muet, tirée du Volksmärchen der Deutschen de J.K.A. Musäus, membre des Illuminati.1013
Polidori était un écrivain et médecin anglais, connu pour ses liens avec le mouvement romantique et considéré par certains comme le créateur du genre vampirique de la fiction fantastique. Son œuvre la plus réussie est la nouvelle The Vampyre (1819), produite par le même concours d’écriture, et la première histoire de vampire moderne publiée. Parmi les enfants de Frances, la sœur de Polidori, et de Gabriele Rossetti (1783 – 1854), poète italien en exil politique, figurent Dante Gabriel Rossetti (1828 – 1882) et William Michael Rossetti (1829 – 1919), membres fondateurs de la Fraternité préraphaélite, un groupe de peintres, poètes et critiques anglais créé en 1848 avec William Holman Hunt et John Everett Millais. Les préraphaélites ont été soutenus par John Ruskin (1819 – 1900), le principal critique d’art anglais de l’ère victorienne. La pierre tombale de Ruskin à Coniston, où il est enterré, trahit ses croyances occultes, avec des symboles celtiques en triskèle, une croix gammée dans une croix de Malte et saint Georges terrassant un dragon.
Shelley s’était également entiché du nouvelliste américain Washington Irving (1783 – 1859).1014 Irving a été l’un des premiers écrivains américains à être acclamé en Europe, et il a encouragé d’autres auteurs américains tels que Nathaniel Hawthorne, Henry Wadsworth Longfellow, Herman Melville et Edgar Allan Poe. Il était également admiré par certains écrivains britanniques, dont Lord Byron, Thomas Campbell, Charles Dickens, Francis Jeffrey et Walter Scott. Irving était un ami proche de la famille Gratz, qui fréquentait le Mikveh Israel à Philadelphie. C’est grâce à Irving que Rebecca Gratz (1781 – 1869), la fille de Michael Gratz, le Parnas de la synagogue, a été portée à l’attention de Walter Scott (1771 – 1832), l’inspirant pour développer le personnage de Rebecca, la fille du marchand juif Isaac de York, qui est l’héroïne de son roman Ivanhoé.1015 Brian de Bois-Guilbert, le Grand Maître des Templiers, s’éprend de la belle Rebecca, mais ne parvient pas à gagner son cœur. Lorsqu’elle est accusée de sorcellerie, Ivanhoé combat Bois-Guilbert, qui est tué, mais pas par Ivanhoé. Gratz faisait partie d’un groupe de femmes de Mikveh Israel qui ont fondé la Female Hebrew Benevolent Society of Philadelphia en 1819, la “plus ancienne organisation caritative juive en existence continue aux États-Unis”.1016
Le Sketch Book of Geoffrey Crayon, Gent. d’Irving comprenait également les nouvelles pour lesquelles il est le plus connu, “Rip Van Winkle” (1819) et “The Legend of Sleepy Hollow” (1820), qui était particulièrement populaire à l’époque d’Halloween en raison d’un personnage connu sous le nom de “Headless Horseman” (cavalier sans tête), censé être un soldat hessois décapité par un boulet de canon au cours d’une bataille. Une version particulièrement influente du conte populaire est la dernière des Legenden von Rübezahl (“Légendes de Rübezahl”) du Volksmärchen der Deutschen de J.K.A. Musäus, membre des Illuminati.1017 En 1824, Irving publie le recueil d’essais Tales of a Traveller, qui comprend la nouvelle “The Devil and Tom Walker”, une histoire très proche de la légende allemande de Faust. L’histoire raconte d’abord la légende du pirate William Kidd, dont on dit qu’il aurait enterré un gros trésor dans une forêt du Massachusetts colonial. Kidd a passé un accord avec le diable, appelé “Old Scratch” et “l’homme noir” dans l’histoire, pour protéger son argent.
David LIVINGSTONE
971 Goethe. Dichtung und Wahrheit, in Hamburger Ausgabe, t. IX, éd. par E. Trunz, (Hambourg, 1961), 350-353 ; cité dans Christoph Schulte. “Les formes de réception de la kabbale dans le romantisme allemand”. Renue Germanique Internationale, 5 (1996). Extrait de https://doi.org/10.4000/rgi.547
972 E. Goodman-Thau & G. Mattenklott (ed.). Kabbalah und die Literatur der Romantik : Zwischen Magie und Trope (Tübingen : M. Niemeyer, 1999), p. vii.
973 M. H. Abrams. The Mirror and the Lamp : Romantic Theory and the Critical Tradition (New York : Oxford University Press, 1953) ; cité dans Marina Aptekman. Jacob’s Ladder : Kabbalistic Allegory in Russian Literature (Boston : Academic Studies Press, 2011), p. 110.
974 Aptekman. L’échelle de Jacob, p. 112.
975 Ibid, p. 116.
976 Wolfgang Neuser. “Theoretischer Hintergrund für die Rezeption der Kabbala in der Romantik. Am Beispiel von Novalis : Die Lehrlinge zu Sais”. Dans E. Goodman-Thau et G. Mattenklott (ed.). Kabbalah und die Literatur der Romantik : Zwischen Magie und Trope (Tübingen : M. Niemeyer, 1999), p. 168.
977 Aptekman. L’échelle de Jacob, p. 111.
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979 Ibid.
980 Aptekman. L’échelle de Jacob, p. 114.
981 Novalis. Das Allgemeine Brouillon ; cité dans Friedrich Schlegel : Philosophische Fragmente. Zweyte Epoche. II, Zur Rhetorik und Poesie 1799 fin ; cité dans Detlef Kremer. “Kabbalistische Signaturen. Sprachmagie als Brennpunkt romantischer Imagination bei E. T. A. Hoffmann und Achim von Arnim,” in Kabbalah und die Literatur der Romantik : Zwischen Magie und Trope, ed. E. Goodman-Thau et G. Mattenklott (Tübingen : M. Niemeyer, 1999), p. 201.
982 A. B. Kilcher, “Die Kabbalah als Trope im ästhetischen Diskurs der Frühromantik”, in Kabbalah und die Literatur der Romantik : Zwischen Magie und Trope, ed. E. Goodman-Thau et G. Mattenklott (Tübingen : M. Niemeyer, 1999), p. 164.
983 Kritische Friedrich Schlegel-Ausgabe ; cité Wolfgang Neuser. “Theoretischer Hintergrund für die Rezeption der Kabbala in der Romantik”, p. 164.
984 Detlef Kremer. “Kabbalistische Signaturen. Sprachmagie als Brennpunkt romantischer Imagination bei E. T. A. Hoffmann und Achim von Arnim”, in Kabbalah und die Literatur der Romantik : Zwischen Magie und Trope, ed. E. Goodman-Thau et G. Mattenklott (Tübingen : M. Niemeyer, 1999), p. 201.
985 Kilcher, “Die Kabbalah als Trope im ästhetischen Diskurs der Frühromantik”, p. 163.
986 Friedrich Schlegel : Fragment philosophique. Zweyte Epoche. II, Zur Rhetorik und Poesie 1799 fin ; cité dans Kremer. “Signatures kabbalistiques. Sprachmagie als Brennpunkt romantischer Imagination bei E. T. A. Hoffmann und Achim von Arnim”, p. 201.
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1012 D. L. Macdonald & Kathleen Scherf. “Introduction. The Vampyre and Ernestus Berchtold ; or, The Modern Œdipus (Peterborough : Broadview Editions, 2008). p. 10.
1013 Ibid, p. 10.
1014 Voir Sanborn, F.B., ed. The Romance of Mary Wollstonecraft Shelley, John Howard Payne and Washington Irving (Boston : Bibliophile Society, 1907).
1015 Abba Eban. Mon peuple : Abba Eban’s History of the Jews. Volume II (New York, Behrman House, 1979), p. 71-72.
1016 Société de bienfaisance hébraïque féminine. Page d’accueil. Tiré de https://www.fhbs.org/
1017 Daniel Hoffman. Form and Fable in American Fiction (University of Virginia Press, 1961). p. 85 (note de bas de page).
