Représentée par le G au centre de l’Étoile flamboyante, la Gnose constitue la moelle de la franc-maçonnerie qui, comme celle-ci, est succession de voiles et de secrets pour ne pas dire de paravents. Les premiers servant toujours de caution aux échelons supérieurs.
1. Bonjour Serge Abad-Gallardo et Karl van der Eyken. Pouvez-vous présenter ?
J’ai aujourd’hui 67 ans. Je suis marié et j’ai deux enfants, un garçon et une fille. J’ai obtenu mon diplôme d’architecte DPLG en 1985 et si j’ai exercé quelques premières années à titre libéral, j’ai fait la suite de ma carrière, durant 35 années comme haut fonctionnaire territorial.
J’ai essuyé un premier refus auprès de la Grande Loge de France en 1987. Je sus bien plus tard, lorsque je devins franc-maçon, que ce refus fut motivé par la circonstance que l’un de mes amis était élu du parti politique « Front National ». Pourtant, je n’ai jamais fait de politique ni jugé de l’engagement politique de mes amis, préférant leur valeur humaine à leur idéologie. En effet, j’avais également deux autres amies proches dont l’une était membre du Rassemblement pour la République, et l’autre du Parti Communiste, ce dont l’Atelier de la Grande Loge de France où j’avais postulé ne tint aucunement compte.
Ce fut le premier grand mensonge maçonnique auquel je fus confronté : puisque j’appris bien plus tard, lorsque je devins un « initié », que la franc-maçonnerie déclare ne pas conditionner la réception d’un candidat à ses idées politiques ( à noter que lors de mon premier refus d’entrer en Loge, je n’étais aucunement membre d’un parti politique ! mais qu’un simple soupçon avait suffit !). Par exemple « Le Suprême Conseil rappelle aux Vén.°.Vén.°. 1 et aux SS.°. et FF.°. 2 de tous grades que l’admission d’un profane ne doit jamais être subordonnée à certaines conceptions religieuses, philosophiques ou politiques. » 3. Cette règle, figurant dans une circulaire maçonnique du 15 mai 1965, est fermement rappelée par le Vénérable Maître juste avant qu’un profane soit interrogé en vue de son éventuelle admission. 4
Ce qui n’empêche pas la franc-maçonnerie d’avoir une conduite politique totalement contraire à ce principe, qu’elle a pourtant elle-même établi, ce qui signe son imposture : « Les obédiences maçonniques entretiennent d’ailleurs de nombreux liens avec les partis politiques (sauf le Front National). » 5 La franc-maçonnerie a d’ailleurs exclu un franc-maçon appartenant pourtant à l’Ordre initiatique depuis 20 ans en raison d’un positionnement politique récent, proche du Rassemblement Bleu Marine :
« Le 4 janvier 2017, la Chambre Suprême de Justice Maçonnique (CSJM) du GODF a décidé d’exclure le frère Jean-François Daraud, 61 ans, de la loge Les Vrais Amis Réunis (Orient de Carcassonne 6) en raison de sa candidature sous l’étiquette Rassemblement Bleu Marine (RBM de Marine Le Pen 7). » Et cette radiation n’est pas la première, car : « Ce n’est pas la première fois que le GODF exclut un frère qui veut faire campagne auprès de Marine Le Pen. Ce fut le cas en 2012 de Valéry Le Douguet. »8. Car le Grand Orient de France (et je témoigne que c’est aussi le cas du Droit Humain et des autres obédiences, à l’exception notable du la Grande Loge Nationale de France) estime que « le RBM est un groupement qui appelle à la discrimination, la haine, la violence, envers les personnes en raison de leurs origines ou de leur appartenance à une ethnie ce qui est contraire aux valeurs que défend le Grand Orient De France. » 9
Pourtant, je ne pense pas que ce parti ait fait l’objet d’une condamnation de ces différents motifs. En revanche, certaines déclarations particulièrement racistes de francs-maçons illustres, n’ont jamais été stigmatisée par la franc-maçonnerie. Par exemple, Paul Bert (franc-maçon, positiviste, libre penseur, membre des loges La Parfaite Harmonie de Mulhouse, La Fidélité de Colmar, et Les Frères Réunis à Strasbourg), rédige plusieurs manuels scolaires :
« Les Nègres ont … les mâchoires en avant, le nez épaté ; ils sont bien moins intelligents que les Chinois, et surtout que les Blancs … Et il y a de ces hommes qui sont vraiment inférieurs. » De même : « Les Nègres, peu intelligents, n’ont jamais bâti que des huttes … ils n’ont point d’industries … Bien au-dessus du Nègre, nous élèverons l’homme à la peau jaunâtre … Mais la race intelligente entre toutes … est celle à laquelle nous appartenons, c’est la race blanche. » 10
Je suis entré en franc-maçonnerie en 1989 (deux ans après ce premier échec) au sein de l’obédience mixte et internationale du Droit Humain, par l’intermédiaire d’une relation professionnelle avec qui j’avais établi des liens amicaux, qui me l’avait proposé et qui, devant ma méfiance, m’expliqua que je comprendrais, une fois initié, le bien-fondé de ce premier refus. Je me fiai à son affirmation, mais je découvris bien plus tard la duplicité de la franc-maçonnerie.
Je suis un heureux retraité après une vie active que je ne vais pas détailler ici ; ce n’est pas le sujet. Passons à la maçonnerie. À l’âge de 19 ans je me suis intéressé à la métaphysique et à l’histoire sans y trouver de réponses satisfaisantes. C’est en feuilletant l’Encyclopédie Universalis, à l’âge de 26 ans, que je suis tombé sur l’entrée « Maçonnerie ». Celle-ci y était présentée comme une société qui œuvrait pour le bien spirituel et matériel de l’humanité, article suivi d’une longue liste des membres passés ; bref une belle brochette d’hommes célèbres ! Ce que je ne savais pas à l’époque c’est que les encyclopédistes du XVIIIème siècle étaient tous des francs-maçons et des anticatholiques, d’où, sans doute, cette entrée élogieuse d’Universalis – on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Ignorant la véritable nature maçonnique, j’étais favorablement impressionné. J’ai commencé à me documenter un peu, puis je suis tombé sur La Crise du Monde moderne de René Guénon. Cet ouvrage répondait d’une manière pertinente et synthétique aux questions que je me posais. Au bout d’une vingtaine d’années j’apercevais quelques failles dans l’œuvre de Guénon, mais sans y prêter beaucoup d’importance. C’est une autre histoire.
J’avais appris qu’il existait une loge guénonienne à Paris, « La Grande Triade ». C’est là où je voulais entrer, où, après trois années d’attente, j’y fus admis en 1980. Guénon avait participé directement à la fondation de cette loge en 1947. Il envoyait par courrier ses directives à partir du Caire où il résidait. Parmi les fondateurs il y avait aussi Michel Dumesnil de Gramont, déjà plusieurs fois Grand Maître et membre du Suprême Conseil (33ème degré) avant la guerre. C’est lui qui avait obtenu à Alger, en 1943, du Général de Gaulle l’annulation des lois antimaçonniques du Maréchal Pétain. J’ai appris cela plus tard, ainsi que Dumesnil de Gramont avait clairement exprimé la finalité maçonnique :
La civilisation catholique ne comprenait pas la liberté comme la civilisation maçonnique… Il n’y a pas de conciliation possible entre des principes aussi opposés, il faudra bien que l’une ou l’autre civilisation disparaisse.
En 1986 je fus admis au 14ème degré que j’ai abandonné au bout d’un an à cause d’un bla-bla généralisé… J’ai continué ma « carrière » maçonnique uniquement au sein de la Grande Triade que j’ai aussi présidée. Cette loge gère les trois premiers degrés au sein de la Grande Loge de France, à partir du 4ème jusqu’au 33ème, c’est le Suprême Conseil de France. En tout, mon activité maçonnique a duré une vingtaine d’années, malgré mon insatisfaction concernant mes attentes.
Après l’avoir quitté, je n’y pensais plus, de même concernant Guénon. Une douzaine d’années après mon départ, j’ai connu un « déclic ». J’avais enfin compris la nocivité, pour ne pas dire plus, de la maçonnerie, ainsi que de l’ésotérisme gnostique de Guénon. Depuis j’ai écrit des articles à ce sujet et tenu des conférences.
Pour résumer la nature « profonde » de la maçonnerie, je prends comme exemple, parmi beaucoup d’autres possibles, le 3ème degré, la maîtrise. Celle-ci constitue la « moelle » de la maçonnerie. Chaque degré a son propre mot de passe, or celui du 3ème degré est Tubalcaïn. Tubalcaïn (le forgeron, évoquant lumière-feu initiatique) est l’arrière-petit-fils du premier assassin, le jaloux Caïn, dont l’offrande « terrestre » avec son esprit naturaliste, avait été refusée par Dieu. Les maçons sont donc explicitement et expressément au service du Malin.
2. Que répondez-vous à « franc-maçon un jour franc-maçon toujours » ?
Un maçon tiendrait ce type de propos stupidement avec une certaine fierté, dissimulant ainsi son ignorance du bourbier dans lequel il a mis les pieds. Un antimaçon pourrait le dire pour insulter un ex-maçon, mais ce qui n’est pas pour autant moins stupide. Dans ces deux cas il s’agit d’un fatalisme qui méprise le libre-arbitre. Et ceci serait un cas aggravant pour un catholique s’il tenait ces propos, attestant ipso facto de l’impossibilité de toute conversion – une absurdité anticatholique. Tous les premiers catholiques étaient nécessairement des convertis. Et l’Église a continué, et continue, cette mission. Donc l’égarement n’est pas une fatalité irréversible. À titre d’illustration je donne deux exemples. Saint Augustin, qui avait fréquenté des manichéens platonisants pendant une douzaine d’années, s’est converti et il est devenu docteur de l’Église catholique. De même pour sainte Thérèse d’Avila, issue d’une famille crypto-juive rabbinique, qui est devenue la première femme docteur de l’Église.
La maxime « tu pourras être déçu par certains maçons, mais jamais par la maçonnerie » déresponsabilise l’institution qui serait parfaite. Autrement dit, ça ne se discute pas, il faut persévérer !
Distinction entre ceux qui en sont partis mais qui minorent son rôle. Sur la phrase « Tu pourras être déçu pas certains maçons mais jamais par la maçonnerie » que tout apprenti entend inverse à l’adage chrétien « Ferme dans les principes, bon avec les hommes »…
Je répondrais que je témoigne du contraire : Il y a en franc-maçonnerie certaines personnes sincères et respectables et qui ne sont pas décevantes, car elle font preuve d’un engagement authentique. En tous cas les francs-maçons ne sont pas plus décevants que les personnes appartenant au monde « profane ». En revanche, c’est la doctrine maçonnique qui est un réel sujet de déception. Lorsque l’on reçoit l’initiation, le Vénérable Maître vous donne symboliquement la « Lumière ». Or il s’agit d’une lumière simplement maçonnique. Dont on s’aperçoit ensuite qu’elle est la lumière que porte Lucifer et non la Lumière du Christ.
Par ailleurs, l’idéal maçonnique comprend tant de contradictions, voire de mensonges, que la déception arrive inévitablement un jour. Par exemple, je montre dans mes livres que lors de la cérémonie d’accès au grade de Compagnon 11 sont évoqués « Les Bienfaiteurs de l’Humanité ». Ils sont cités comme des exemples à suivre. Et il est précisé que « Les Bienfaiteurs de l’Humanité sont ceux qui, admirés ou anonymes, humbles ou glorieux … par leurs paroles, leurs œuvres, leur exemple … ont répandu les grandes idées de respect de la vie sous toutes ses formes … de fraternité et d’amour. » 12. Qui ne voudrait pas adhérer à un idéal si élevé ? Mais, par ailleurs, la franc-maçonnerie est à l’origine, et persiste à promouvoir, l’avortement 13. Or l’enfant à naître, qui est sans défense dans le ventre de sa mère, et qui est donc le plus fragile d’entre nous, n’est-il pas une forme de vie ? C’est là un des exemples flagrants de l’imposture de la franc-maçonnerie. L’homme sincère ne manque donc pas d’être déçu devant cette manipulation des esprits par la doctrine et les rituels maçonniques !
3. Pourquoi tenir à dénoncer l’impossibilité d’être à la fois chrétien et franc-maçon ?
Tout d’abord, si chaque chemin de spiritualité est respectable en principe, il appartient à tout chrétien d’annoncer que le Christ est Dieu et Fils de Dieu. Il revient en particulier à chaque catholique d’évoquer le mystère de la Trinité, de la Crucifixion rédemptrice et de la Résurrection de Jésus. Ensuite, nous devons dénoncer, non pas d’autres systèmes religieux (car chaque homme est libre de son propre chemin) mais les pièges de Lucifer. Et la franc-maçonnerie en est un particulièrement habile et séduisant pour qui manque de discernement ou s’est éloigné de l’Eglise (ce fut mon cas). Il nous faut rappeler le sermon que Jésus prononça sur la Montagne, à la suite de celui dit des « Béatitudes » : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. » 14. Or que sont les fruits de la franc-maçonnerie ? je les montre dans mes livres et conférences : divorce, avortement, relativisme instauré en dogme destructurant, mise en danger de l’âme, éloignement de Dieu Trine pour le remplacer (pour les obédiences déistes) par le Grand Architecte de l’Univers (qui est une sorte de force cosmique, un dieu protéiforme) ou (pour les obédiences « laïques ») par l’esprit (qui est l’esprit humain inspiré par Lucifer et en aucun cas l’Esprit Saint). Le risque essentiel de l’approche gnostique de la franc-maçonnerie (car la franc-maçonnerie est indiscutablement un gnosticisme 15). Or, le gnosticisme est intrinsèquement incompatible avec la foi chrétienne en ce qu’il prétend à la « … satisfaction … d’avoir accès au Savoir total, de pénétrer des secrets ignorés du troupeau des psychiques adeptes de la religion chrétienne ordinaire … D’autant que la gnose, en sus de l’accès aux secrets de l’univers, donne aux élus la certitude du salut, un salut qui n’est pas promis à tous mais seulement à quelques initiés. » 16. Il faut savoir que le gnosticisme a été condamné pour hérésie par saint Irénée depuis le IIème siècle ! Enfin, la franc-maçonnerie, même déiste, considère Jésus comme un homme, et dans une sorte d’arianisme 17,comme un simple prophète, voire un « initié » (sic !). Or saint Jean, auquel se réfère pourtant la franc-maçonnerie (sans doute pour mieux tromper les chrétiens sur la véritable hérésie maçonnique) précise que ceux qui nient la divinité du Christ sont des enfants de Lucifer : « Beaucoup d’imposteurs se sont répandus dans le monde, ils refusent de proclamer que Jésus Christ est venu dans la chair ; celui qui agit ainsi est l’imposteur et l’anti-Christ. » 18.
Pour la franc-maçonnerie, il n’existe pas de Révélation divine : « En franc-maçonnerie, il n’existe pas de vérité révélée. Il peut y avoir une bible dans les ateliers, mais corrigée par le compas et l’équerre. » 19. Un extrait d’un commentaire officiel de la franc-maçonnerie montre que toute référence à la Bible en franc-maçonnerie est une honteuse mystification. Le Grand Collège des Rites l’exprime sans ambiguïté, mais dans un parfait secret, au sein d’un commentaire du symbolisme du 18ème degré des Hauts grades :
« Pourquoi les ritualistes du XVIIIème siècle 20 s’en sont-ils tenus à la tradition biblique (…) ? Il faut aussi se persuader que la maçonnerie des hauts grades n’aurait pu, à ses débuts, être tolérée… si elle ne s’était pas donnée un masque rassurant… Les références bibliques ne sont, en réalité, qu’un mince vernis qui recouvre des enseignements issus de nombreuses sources plus ou moins hétérodoxes : arithmomancie pythagoricienne ; hermétisme, avec son dérivé, l’alchimie ; le Zodiaque et son application dans l’astrologie ; la Kabbale ; le gnosticisme. » 21
Enfin, et surtout, tout chrétien doit savoir que l’initiation maçonnique est une négation secrète ( les candidats n’en ont aucune conscience ! ) du sacrement du Baptême et de l’infusion de l’Esprit Saint. En effet, lors du baptême catholique, le prêtre demande :
Prêtre : « Pour suivre Jésus Christ rejetez-vous Satan qui est l’auteur du Mal ? »
Réponse liturgique est : « Oui , je le rejette »
Prêtre : « Recevez la lumière du Christ… que cet enfant illuminé par le Christ, avance dans la vie en enfant de la lumière et persévère dans la foi » 22.
De son côté, la franc-maçonnerie, en proposant de « donner la lumière » aux profanes, nie par conséquent de ce fait le sacrement du Baptême et compte pour nulle la lumière du Christ, reçue lors du Baptême.
C’est ainsi que, préalablement à la mise en œuvre du rituel d’Initiation, le Vénérable Maître questionne :
Vénérable Maître : « Pourquoi ce Profane demande-t-il à être reçu Franc-Maçon ? 23
Frère Grand Expert (officier) répondant pour le profane : « Parce qu’il est libre et de bonnes mœurs, qu’il est dans les ténèbres et cherche la Lumière »
Selon la franc-maçonnerie, donc, rien en dehors de son enseignement, c’est-à-dire aucune autre religion, aucune révélation, aucune conversion, aucune Christologie même, ne saurait apporter la Lumière à l’Homme ! Ainsi donc, dès la cérémonie de l’initiation la franc-maçonnerie est par conséquent Luciférienne, dès lors qu’elle nie implicitement la réalité de la lumière des sacrements du Baptême, celle de l’Esprit Saint ! Car Jésus nous dit : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie 24. » La franc-maçonnerie, en prétendant que tout profane est dans les ténèbres (y compris les chrétiens baptisés !) et que seule la lumière maçonnique permet d’en sortir, signe une hérésie supplémentaire. La franc-maçonnerie nie donc que Jésus soit la vraie, et unique, Lumière. Celle de Dieu !
La finalité de la maçonnerie s’oppose au catholicisme, ainsi ces deux institutions sont des ennemis déclarés. La citation de Dumesnil de Gramont, ci-dessus, exprime sans ambages l’adversité maçonnique à l’égard de l’Église, qu’elle ne claironne plus aussi publiquement. La première condamnation pontificale remonte à 1738 ; elle est valable à perpétuité ! Il y a eu des rappels en 1751, 1821, 1825, 1829, 1832, 1846 et 1884. En 1892 Léon XIII a redit : « Que l’on se rappelle que christianisme et franc-Maçonnerie sont essentiellement inconciliables, si bien que s’agréger à celle-ci, c’est divorcer de celui-là. ». Depuis Vat II avec la déclaration Nostra Ætate, en 1965, ouvrant le dialogue avec les religions non-chrétiennes, il y a des maçons qui prétendaient que leur condamnation avait été levée. Il n’en est rien ! En 1985 l’Osservatore romano fait un rappel purement doctrinal, au plan de la Foi et de ses exigences morales, dont j’extrais ces points :
Que le relativisme [à chacun sa vérité] caractérise fondamentalement la Franc-Maçonnerie ; qu’il est renforcé par la pratique essentiellement symbolique et rituelle de cette dernière ; Qu’il a pour conséquence d’entraîner le catholique franc-maçon à « vivre sa relation avec Dieu d’une façon double, c’est-à-dire en la partageant en deux modalités : une humanitaire, qui serait supra-confessionnelle et une, personnelle et intérieure, qui serait chrétienne » ; que « le climat de secret comporte […] le risque pour les inscrits de devenir les instruments d’une stratégie qu’ils ignorent » ; Que la distinction entre initié et profane n’est pas tenable au sein de la communion chrétienne ; Qu’enfin, puisque ces principes sont communs à l’ensemble de la franc-Maçonnerie, il n’y a pas lieu sur ces points de distinguer entre les obédiences « malgré la diversité qui peut subsister […] en particulier dans leur attitude déclarée envers l’Église.
Le Christ a dit : « Je suis la Lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres » (Jn 8, 12). De Lucifer est dit : « Comment es-tu tombé du ciel, astre brillant, fils de l’aurore ? Comment es-tu renversé par terre, toi, le destructeur des nations ? Tu disais dans ton cœur : Je monterai au ciel […], je serai semblable au Très-Haut ! Et te voilà descendu au sombre séjour, dans les profondeurs de l’abîme ! » (Is 14, 12-13). Les profondeurs de l’abîme c’est le centre de la terre, lieu vers lequel tend tout poids. Dante a détaillé ce lieu éclairé par Lucifer dans La Divine comédie. L’initiation maçonnique débute avec la « descente aux enfers » vers la lumière luciférienne. Or, Saint Paul nous a prévenus : « Ces gens-là sont de faux apôtres, des ouvriers astucieux qui se déguisent en apôtres du Christ. Et ne vous en étonnez pas, car Satan lui-même se travestit en ange de lumière » (1Co 11, 13-14).
Le « Christ-principe », c’est le Messiah-principe des juifs kabbalistes qui œuvrent à la réalisation de leur Messie, l’Antichrist pour les autres. L’unité du Plan divin ne doit pas être confondue avec ces élucubrations pathologiques. L’incarnation du Verbe est essentielle, parce qu’elle a été annoncée par les prophètes tout au long de l’Ancienne Alliance ; celle-ci a uniquement préparé la voie à la Nouvelle Alliance. La Résurrection nécessite l’Incarnation, « et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, vaine aussi est votre foi » disait saint Paul (1Co 15, 14). L’hindouisme connaît la doctrine des avatâras, ce sont des « descentes de l’Esprit ». Il s’agit là d’un même Esprit qui s’incarne à différentes époques, s’adaptant alors aux circonstances et mentalités nouvelles. Le bouddhisme tibétain connaît également cette doctrine avec les multiples « incarnations » du Dalaï-Lama. La maçonnerie du 18ème siècle a été confrontée à cette théorie orientale par la suggestion des « incarnations » successives d’un rose-croix, et grand mystificateur, le comte de Saint-Germain. En fait la doctrine rosicrucienne s’est répandue par une longue chaîne de personnes qui ont tous « incarné » l’idéal rosicrucien, institutionnalisé par la maçonnerie en 1717. Voir à ce sujet Alain Pascal, Le Siècle des Rose-Croix, Cimes, 2018.
4. Mettez-vous donc les maçonneries « laïque » et « déiste » dans le même sac, y compris celle se disant « chrétienne » ?
Il n’est pas facile de faire une séparation nette entre toutes les tendances maçonniques qui se veulent différentes. Ce sont des différences quelque peu illusoires pour répondre au goût de tout public. Toutefois toutes ces « variétés » maçonniques ont en commun la même origine, le même fondement initiatique et le même but de la construction du Temple universel, projet mondialiste formulé par Ramsay, en 1736 ! Quant à la maçonnerie, dite « chrétienne », elle a ce côté nocif en plus de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas. Le Rite Ecossais Rectifié a été fondé en 1782 par Willermoz, et prétend être chrétien et antidogmatique (donc anticatholique). Willermoz pratiquait le magnétisme et était disciple de Martinez de Pasqually et de Louis-Claude de Saint-Martin. Martinez avait fondé en 1767 l’Ordre des Élus Coën. Il était un kabbaliste de mère maranne. Louis-Claude de Saint-Martin est admis dans l’Ordre des Élus Coën, comme Willermoz qui deviendra son disciple. Gershom Scholem note que les pratiques théurgiques des Élus-Coëns « rappellent étrangement les opérations magiques du Baal-Schem de Londres, le célèbre Dr. Samuel Falk ». Pour de Saint-Martin comme pour ses maîtres, Dieu, avant le temps, produisit par émanation des êtres spirituels. Une partie de ces anges tomba dans le péché d’insubordination. Alors Dieu créa un univers pour circonscrire le mal ainsi introduit et pour servir de prison aux anges déchus. En même temps, émana l’Homme primordial, l’Adam Kadmon, androgyne au corps glorieux, vice-roi de l’univers, pour servir de geôlier à ces démons, les amener à résipiscence… Et selon lui, tout homme est un Christ en puissance. Et voici un exemple éloquent du délire irrationnel de l’illuminé Saint Martin qui dit : « Chaque homme depuis la venue du Christ, peut, dans le don qui lui est propre, aller plus loin que le Christ. J’ose dire que dans le genre qui m’est propre, celui du développement de l’intelligence, j’ai été plus loin que le Christ ».
Voilà des mots blasphématoires du « maître » de Willermoz, le père de la Maçonnerie dite « chrétienne ».
Entre les deux guerres la Grande Loge de France (GLF) et le Grand Orient (GO) ont été infiltrés par le Mouvement Synarchique d’Empire (MSE). Celui-ci avait été fondé par Victor Blanchard, qui était Secrétaire-Rapporteur à la Chambre des Députés, chef du Secrétariat-Général de la Présidence de l’Assemblée-Nationale, chef du Service des Archives et chef du martinisme. Un autre cofondateur notoire était Dimitri Navachine, qui, infiltré à la GLF, y recrutait des maçons pour le MSE, et, inversement, il y faisait entrer un grand nombre de synarchistes. C’était la méthode des Illuminés de Bavière. Méthode payante, le MSE changea la GLF, que celui-ci jugea trop anticléricale, en Obédience « spiritualiste » afin de paraître plus « neutre ». Le GO et le Droit Humain (maçonnerie mixte) ont connu également de petits changements par des synarchistes infiltrés. Ce qui comptait c’était d’élargir le spectre maçonnique en évitant des « doublons ».
Toutes les obédiences maçonniques sont imprégnées de la même idéologie, de la même hérésie, d’une imposture de même nature. La seule chose qui les différencie, c’est la variété des rites. Mais il faut préciser que ces rites sont communs à toutes les obédiences, certaines les utilisant tous, selon la préférence de certains ateliers, et d’autres imposant à leurs ateliers l’un de ces rites. Pour être plus précis, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, par exemple, est pratiqué à titre exclusif par le Droit Humain et La Grande Loge de France, mais il l’est également par certains ateliers appartenant à la Grande Loge Nationale Française, ou du Grand Orient de France.
Par ailleurs, il existe bien des obédiences « déistes » et des obédiences « laïques ». Les obédiences « déistes » exprime une doctrine qui est un véritable piège pour les fidèles d’une religion, en particulier catholiques. En effet, ces obédiences déistes voudraient fonder la théorie de la compatibilité d’être catholique et franc-maçon sur l’obligation de croire en Dieu pour y être initié. Mais on s’aperçoit qu’il s’agit là d’une imposture supplémentaire, aisée à démontrer pour qui sait discerner. Par exemple, le Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française s’exprimait ainsi au sein du site web de cette obédience : « Entre les éléments de notre Règle, la croyance ( non dogmatique ) en Dieu, Grand Architecte De l’Univers, et l’interdiction faite à nos membres de traiter de sujets religieux … au sein des loges. » 25
Cette affirmation mérite une courte, mais probante, analyse : tout d’abord, il est question de « croyance » et non de « foi ». Or la croyance est une opinion, éventuellement une vague religiosité. Alors que la foi est un don de Dieu, éprouvé au moyen du cœur et de la raison 26. Au surplus, et surtout, la franc-maçonnerie déiste demande de « croire » en Dieu de manière « adogmatique ». Ce qui signifierait pour un catholique l’obligation d’abandonner les dogmes de la Sainte Trinité, de la Consubstantialité, de l’Incarnation et de la Résurrection de Jésus, de l’Immaculée Conception de Marie, etc.. Un tel « adogmatisme » conduit progressivement, mais inévitablement le catholique à l’apostasie ! Un auteur de doctrine maçonnique, parmi les plus reconnus, avoue que le Grand Architecte de l’Univers n’est pas le Dieu des chrétiens : « Gardons-nous de céder à cette paresse d’esprit qui confond le Grand Architecte des Initiés (le GADLU ) avec le Dieu des croyants. ». 27
Quant aux obédiences « laïques », elles sont avant tout issues des idéaux révolutionnaires les plus anti-cléricaux. Je témoigne, par exemple, que lors de la clôture d’une tenue 28 maçonnique dans les ateliers du Grand Orient de France, l’un des francs-maçons présents prend souvent la parole, alors que les « travaux » viennent d’être clos et déclame : « Vive la République ! Et à bas la calotte ! »
Personne ne conteste alors cette exclamation, mais tous affichent un sourire entendu. Je témoigne également avoir entendu, dans les loges soit du Grand Orient, soit du Droit Humain, maintes déclarations stigmatisant l’Eglise catholique. Un franc-maçon de haut niveau nous confirme que la « laïcité » maçonnique n’est qu’un anti-catholicisme :
La laïcité qui est prônée par la plupart des athées – et ceci est également vrai pour ceux qui oeuvrent en franc-maçonnerie – est le plus souvent un combat contre le Dieu de la religion. Ce n’est pas une laïcité pour le partage d’un espace commun et d’un vivre ensemble, mais c’est une laïcité qui est essentiellement tournée contre toutes les églises et leur clergé 29.
Enfin, il n’existe pas de franc-maçonnerie « chrétienne ». Les obédiences s’affichant comme telles sont soit mensongères, soit dans l’erreur. Car l’Eglise Catholique n’est pas la seule à interdire à ses fidèles d’appartenir à la franc-maçonnerie. La plupart des branches de la chrétienté font de même. Par exemple, l’Eglise Orthodoxe grecque, l’Eglise Presbytérienne d’Ecosse, et celle d’Irlande, L’Eglise Presbytérienne Ortodoxe Américaine, L’Eglise Luthérienne, l’Eglise Méthodiste Américaine firent de même 30. On ne voit donc pas à quelle Eglise pourrait se rattacher la « franc-maçonnerie chrétienne », sauf à s’autoproclamer comme telle. Un exemple d’abus de raisonnement est celui de l’obédience du Grand Prieuré des Gaules, qui se prétend « maçonnerie chrétienne ». Sur son site web cette obédience anecdotique, qui ne compte qu’un petit millier de membres 31, voudrait affirmer, sans rire, que l’on peut être catholique et franc-maçon. Elle pose la question, à laquelle elle répond elle-même (sic !) en méprisant totalement l’autorité de l’Eglise :
– Peut-on être chrétien et franc-maçon ?
– Oui bien sûr … La Maçonnerie du GPDG, comme toute maçonnerie théiste … n’est donc pas concernée par ce nouvel article. Elle n’est pas concernée, même si (sic !) la Congrégation pour la doctrine de la foi persiste à déclarer que les francs-maçons demeurent exclus de la communion. » 32. Il faut reconnaître l’aplomb de cette déclaration consistant à rejeter l’opinion d’une instance particulièrement concernée par la question de l’incompatibilité ! Et il faut opposer à ce mensonge, ou cette erreur, deux textes publiés par le Vatican. Le premier est le décret du 26 novembre 1983,dont le pape saint Jean Paul II a ordonné la publication officielle, pris après plusieurs années d’échanges entre l’Eglise et la franc-maçonnerie, et l’étude précise de tous les rituels maçonniques, dont extrait pertinent : « Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine d l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdites par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion.
Et pour préciser le décret, le Saint Siège publiait dans l’Osservatore Romano, un texte d’explicitation, la franc-maçonnerie persistant à feindre de ne pas comprendre le premier texte. Dont extraits pertinents suivants :
Rappelons que le christianisme et la maçonnerie sont essentiellement inconciliables et que s’inscrire à l’une signifie se séparer de l’autre … indépendamment de la considération de l’attitude pratique des diverses loges, d’hostilité ou non envers l’Eglise… pour un chrétien catholique, il ne lui est pas possible de vivre sa relation avec Dieu de deux façons, c’est à dire en la scindant sous une forme humanitaire : supraconfessionnelle, et sous une forme interne : chrétienne…
D’autre part un chrétien catholique ne peut pas, simultanément, participer à la pleine communion de la fraternité chrétienne et considérer son frère chrétien, par ailleurs, selon l’optique maçonnique, comme un « profane » … il n’appartient pas aux autorités locales de se prononcer sur la nature des associations maçonniques … Cette disposition indique que malgré la différence qui peut subsister entre les obédiences maçonniques, en particulier dans leur attitude déclarée envers l’Eglise, le Siège Apostolique y constate certains principes communs qui appellent une appréciation identique de la part de toutes les autorités ecclésiastiques. 33
Pour terminer soulignons l’ignorance (feinte ou volontaire ? Puisque cette déclaration maçonnique intervient en 2014, soit plus de 10 ans après l’analyse, pourtant publique, du Saint Siège !) du Droit Humain, qui affiche sur son site web que l’on peut être catholique et franc-maçon puisque « A propos de l’excommunication prononcée par l’Eglise catholique, il faut noter qu’aucune excommunication n’a été prononcée à ce jour (sic !) ».
Ce qui est normal, puisque l’excommunication encourue par un fidèle qui s’inscrirait à une loge maçonnique est dite « Latae sententiae ». C’est à dire qu’elle est automatique et ne nécessite aucunement d’être prononcée ! Je ne voudrais pas faire offense à l’intelligence des dignitaires du Droit Humain en imaginant qu’ils n’ont pas compris cela.
5. Sur le Secret maçonnique, la plupart des haut-gradés vous diront qu’il n’y en a pas…
Tous les dignitaires de la franc-maçonnerie affirment qu’il n’existe aucun secret maçonnique. Et la plupart des francs-maçons répètent cette contre-vérité sans vraiment savoir de quoi ils parlent. Or le secret maçonnique est bien connu des membres des plus hauts grades. Pour répondre de manière succincte sur le sujet, je dirais que le secret maçonnique existe si peu que j’ai écrit un livre de presque 350 pages sur le sujet (« Secret maçonnique ou vérité catholique » éd Artège 2019)! En réalité, le secret maçonnique recouvre une pluralité de réalités dont je décris certaines ci-après.
– en préalable, il faut savoir que la violation d’un secret maçonnique est considéré par l’Ordre initiatique comme une trahison. Le rituel (par exemple le Rite Ecossais Ancien et Accepté mais il en est de même pour les autres rites, sous des formalismes différents) prévoit deux avertissements formels lors de la cérémonie d’initiation. Tout d’abord, il est procédé à ce que le rituel nomme « la cérémonie des coupes ». Alors que celui qui encore profane a les yeux bandés, on lui fait boire trois coupes. La première est remplie d’un liquide doux (par exemple un vin apéritif). La seconde est pleine d’un liquide particulièrement amer (parfois on a ajouté du fiel au liquide et cela amène le profane à la limite du vomissement). La troisième contient de l’eau sucrée. Lorsque la troisième coupe a été bue, le Vénérable Maître déclame :
– « Une grande amertume vous saisirait si vous veniez à trahir votre devoir » 34 (il s’agit de garder le secret, auquel le profane s’est engagé préalablement)
La cérémonie d’initiation se poursuit…
Alors que le candidat a toujours les yeux bandés, le Vénérable Maître lui fait prêter le serment suivant :
– « Voici la formule du serment : de votre propre et libre volonté, en présence de cette respectable assemblée de francs-maçons, vous promettez solennellement de ne jamais révéler aucun des mystères de la Franc-Maçonnerie qui vont vous être confiés… » 35
Dès lors que le profane a prêté ce serment, la cérémonie continue, aboutit à ce que le Vénérable Maître fait enlever le bandeau posé sur les yeux du profane et lui donne enfin la « Lumière ». A cet instant, le profane, devenu néophyte, voit un groupe de francs-maçons placés en demi-cercle face à lui, et pointant, de manière menaçante, leur épée en direction de son cœur. Le Vénérable Maître annonce alors :
– « Néophyte, les glaives que vous voyez ici ne menacent que les traîtres et les parjures et vous annoncent, par contre que tous les francs-maçons se porteront à votre secours en cas de besoin. Que ces glaives soient donc à la fois le symbole de la sauvegarde, de l’amour et du châtiment. » 36
Ensuite on fait, à nouveau, prêter serment au néophyte de se lier aux francs-maçons par le serment maçonnique. 37
La première observation à faire est de constater le luxe de précautions, et de menaces, destinées à commander au candidat de garder un secret… « qui n’existerait pas » !
Je peux témoigner du type de vengeance que la franc-maçonnerie peut infliger à celui qu’elle considère comme parjure. En ce qui me concerne, j’ai commis, à l’égard de la franc-maçonnerie, trois catégories de « fautes » :
La première est d’avoir retrouvé la foi en Dieu et d’être revenu à l’Eglise. La seconde est d’avoir écrit des livres et donné des conférences sur la franc-maçonnerie. La troisième est d’avoir, dans le cadre de mes fonctions professionnelles, dénoncé à la Justice d’importantes malversations en matière de marchés publics, commises, notamment, par une clique maçonnico-politique 38. Pour la somme de ces trois « fautes », la vengeance fut terrible. Je ne citerai qu’un exemple de ce qui m’a été infligé, ce dont atteste une Cour d’Appel :
Il ressort des éléments du dossier rappelés ci-dessus que c’est à la faveur de la nomination … d’un nouveau Directeur général …, M. Serge Abad-Gallardo, que les pratiques illégales … en matière de marchés publics ont pu être dénoncées et mises à jour, attitude courageuse mais qui dérangeait les avantages acquis depuis de longues années tant du côté des élus, que des fonctionnaires et des entreprises ; que ce dernier a été contraint de démissionner en 2012 dans un contexte politique et professionnel de règlements de compte très éloigné des impératifs du service public. 39
Pour le reste, il me fut créé tant de problèmes que j’en ai développé un cancer incurable. Je précise qu’aucun de mes ex-frères et sœurs ne m’est venu en aide. Tous se sont placés « du bon côté du manche » !
Les mises en garde concernant le secret maçonnique et ce que la franc-maçonnerie considère comme une trahison ne sont donc pas, comme le disent souvent les dignitaires, ou les francs-maçons qui répètent leurs expressions, uniquement « symboliques ». Il existe bien des façons de tuer une personne : la mort sociale, la mort professionnelle, la maladie en font partie. Le secret est par conséquent quelque chose d’extrêmement prégnant en franc-maçonnerie.
- Il y a tout d’abord le secret d’appartenance. Il est absolument interdit à tout franc-maçon de dévoiler à un profane l’appartenance à la franc-maçonnerie de l’un de ses membres. Un franc-maçon qui s’y risquerait encourrait des sanctions, pouvant aller jusqu’à la radiation de l’Ordre. Sans préjudice d’autres « sanctions » indirectes comme la mise au ban par tous les francs-maçons qui lui étaient, jusque-là, proches (relations professionnelles et/ou amicales dans le monde profane).Je montre dans mon ouvrage sur le secret à quel point cette disposition permet certains arrangements sur le plan politique, professionnel, ou financier, entre « frères ».
- Ensuite le secret des rituels. Nul ne connaît le contenu, ni la portée véritable des rituels maçonniques. Il est interdit aux francs-maçons de divulguer les rituels aux profanes, mais les membres d’un grade supérieur ont interdiction de les divulguer aux membres des grades supérieurs (par exemple, un Maître ne peut en aucun cas faire connaître à un Apprenti, ou un Compagnon, les secrets et rituels du grade de Maître. De même en est-il d’un membre des Hauts grades à l’égard d’un franc-maçon qui n’en ferai pas partie, ou même qui appartiendrait à un Haut grade inférieur au sien).
- Il existe également des mots et signes secrets propres à chaque grade et qui ne sont communiqués qu’aux membres de ces grades 40.
- L’un des aspects du secret est l’action magique, ou psychologique du rituel sur l’esprit des francs-maçons eux-mêmes, depuis l’initiation et tout au long de leur parcours initiatiques. Il existe des fondements alchimiques, hermétiques, à ces rituels, qui agissent sur le psychisme des membres de la franc-maçonnerie, à leur insu.
- Le secret le mieux gardé est celui de l’objectif véritable de la franc-maçonnerie : détruire l’Eglise et instaurer une « religion maçonnique » mondiale. Ce secret ne se dévoile qu’à partir du 30ème degré des Hauts grades, dénommé « Chevalier Kadosh ». le rituel prévoit, lors de la cérémonie d’accès à ce grade que le candidat, à qui l’on a donné un poignard 41, doit porter (symboliquement 42) un coup sur deux crânes, l’un portant une couronne royale (et symbolisant la monarchie) et l’autre une tiare papale (symbolisant l’Eglise).
- Je terminerai en citant également les insultes que j’ai reçues parfois lors de mes conférences 43, ou parfois dans des commentaires à certains articles de presse, et qui témoignent de la « tolérance » maçonnique à l’égard de ceux qui ne partagent pas ses idéaux, le dénigrement de mes livres par certains francs-maçons dans les réseaux sociaux ou sites de publicité de société de commercialisation littéraire, les menaces indirectes à mon égard, pour avoir écrit et donné des conférences sur la franc-maçonnerie et divulguer ses secrets.
- Enfin, il faut savoir que le secret est concomitant du serment maçonnique. Je montre dans mon livre que durant ma vie maçonnique, j’ai prêté, au moins, un demi-millier de fois, le serment de ne pas divulguer le secret maçonnique, et que ces serments se transforment en pacte (dénommé « alliance » par le rituel) à partir du 4ème degré des Hauts grades.
Le secret ajoute de la valeur disait déjà Plutarque. Le secret maçonnique n’est pas défini, il reste un mystère précieusement gardé, et derrière lequel courent les frères pendant toute leur carrière, quel que soit le grade, sans jamais trouver de réponse. Je donne un exemple élémentaire : l’ouverture des travaux (la réunion) commence avec la question « qu’y a-t-il entre nous ? Réponse : un secret ; quel est ce secret mon F⸫ ? ; Réponse : la Franc-Maçonnerie ». Voilà une réponse qui ne répond pas, mais qui, néanmoins, fait indéfiniment tourner les frères autour du pot. Le secret résiderait plutôt dans une « recherche perpétuelle », confirmé par cette phrase rituélique : « le travail de maçon ne s’arrête jamais, ce qui est cherché se continue… ». Cependant, cette recherche indéfinie dissimule obligatoirement sa raison – voilà un secret bien gardé –, qui ne serait autre que pendant cette interminable recherche amenant toute hypothèse possible, s’engendre subtilement un état d’esprit relativiste ; donc un esprit égaré et bon pour le service. S’y ajoute l’exemplarité collective, insufflant un « maçonniquement correct », qui façonne discrètement des copies de cette typicité d’« être »… Bref, la maçonnerie sape l’intellect !
La conviction d’être en possession d’un secret dissocie l’être entre son intérieur qui garde le « secret », et son extérieur agissant. Cette séparation existe aussi socialement : quand on apprend l’appartenance maçonnique d’un proche, on ne le verra plus comme avant… Aussi est-il impossible pour le maçon et pratiquant catholique, de se confesser à cause du secret. Bref, le secret maçonnique cause aussi une lente dissociation schizophrénique de la personne.
6. La maçonnerie « symbolique » sert donc t-elle de paravent aux chapitres supérieurs ?
La maçonnerie « symbolique » ou « bleue » recouvre les trois premiers degrés : apprenti, compagnon et maître. Le 3ème degré constitue la moelle de la maçonnerie, les hauts-grades n’en constituent que les différents développements. Le terme « symbolique » doit être pris dans le sens de « préparation », parce que les symboles sont omniprésents en maçonnerie. Chaque degré a ses propres symboles, rituels et légendes. Les hauts-grades vont du 4ème au 33ème, série qui est divisée en « classes », constituant autant de systèmes à part, composés d’une suite de grades : du 4ème au 14ème les grades de perfection, du 15ème au 18ème les grades capitulaires, du 19ème au 30ème les grades philosophiques et du 31ème au 33ème les grades administratifs. Pas tous les maçons n’accèdent aux hauts-grades, et si c’est le cas s’y ajoutent les barrières de chaque classe. Mais c’est sans importance d’un point de vue « initiatique », parce que l’essentiel est l’initiation au 1er degré. Tout nouveau maçon a y reçu l’essentiel, la « lumière maçonnique » rayonnante au fond de la terre. Cette lumière réapparaît à l’élévation à la maîtrise en ce sinistre lieu, nommé ici « Chambre du Milieu », qui est « uniquement éclairé de l’intérieur, et hors de laquelle ne règnent que les ténèbres extérieures ». Le maître-maçon est au centre de l’univers, entre « l’équerre et le compas » ; il est la lumière qui brille au milieu des ténèbres ! Subséquemment il n’a pas de Maître supérieur, ce qui devient plus explicite au 33ème degré, où il est l’égal de Dieu avec cette Devise du Suprême Conseil : Deus meumque Jus (Dieu et Mon Droit). Dieu est abaissé au rang d’un Grand Frère par un droit d’égal à égal. C’est la négation de toute supériorité conforme aux paroles de Lucifer : Non serviam (je ne servirai pas) ! Cette Devise révoltante et orgueilleuse de « Dieu et Mon Droit » constitue le socle des Droits de l’Homme.
L’initiation maçonnique ne vient pas des bâtisseurs catholiques d’autrefois. Avant d’entamer la « descente aux enfers » le récipient aurait rédigé son testament dans le Cabinet de Réflexion afin de « renaître » comme maçon. Ce cabinet est décoré de symboles alchimiques, tels que souffre, sel, ossements, pain, eau, crâne humain, coq (Hermès = Mercure), faux, sablier et l’acronyme « VITRIOL » : « Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem » (« Visite l’intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée »). C’est la « Pierre philosophale » des alchimistes ! Avec ces symboles nous sommes dans un hermétisme total. Ce sont les rose-croix qui sont à l’origine de la maçonnerie moderne, pas les bâtisseurs !
Quant au paravent maçonnique, cette institution constitue évidemment, par excellence, le vivier de recrutement à des fins encore plus « subtiles »… La maçonnerie a aussi toujours connu des « arrières-loges » inaccessibles aux maçons « communs ». Elle sert également de « passerelle » à d’autres organisations institutionnalisées ou pas…
René Guénon était incontestablement le maçon le mieux renseigné concernant les dessous. Dans un compte-rendu d’un livre de Benjamin Fabre, il précise :
Il nous livre une admirable collection de documents authentiques émanant de l’un des hauts initiés qui préparèrent la Révolution et qui travaillèrent ensuite invisiblement sous le premier Empire, alors que le maître de la France [Napoléon] croyait la vie maçonnique concentrée tout entière dans les Loges où il avait fait entrer ses officiers. Il s’imaginait tenir ainsi la Maçonnerie. En réalité, il n’en tenait que le vêtement. De ce vêtement, il faisait son jouet sans se douter que, malgré toute sa puissance, lui-même était le jouet de ce dont la Maçonnerie n’est que l’enveloppement.
La France Antimaçonnique, le 31 juillet 1913, « L’Initiation maçonnique du F⸫ Bonaparte ».
Compte-rendu : Benjamin Fabre, Franciscus, Eques a Capite Galeato, 1913, (Archè Milano, 2003).
En effet, le visage de Lucifer se fait plus précis à mesure que le franc-maçon avance en grade, et notamment au sein des Hauts grades. Il faut savoir que seule une minorité de francs-maçons accède aux hauts Grades (environ 5 à 10%). Par exemple, au 4ème degré du R.E.A.A, dénommé Maitre Secret le rituel prévoit que le franc-maçon doit « se glorifier » lui-même ! Ce qui est la marque orgueilleuse de Lucifer. Il faut savoir que la faute de Lucifer fut de se glorifier lui-même, au lieu de glorifier Dieu ! Au rituel du 4ème degré une question est posée :
Question : « Etes-vous Maitre Secret ? »
Réponse : – « Je m’en glorifie » 44
Et au 12ème degré, dénommé Grand Maître Architecte, le rituel prévoit que les travaux maçonniques ne peuvent commencer que lorsque le « Génie » se manifeste :
Question : « A quelle heure commencez-vous et terminez-vous vos travaux ? »
Réponse : « Je les commence quand le Génie parle en moi, je les achève quand il se tait. » 45
Or ce Génie correspond à la lettre « G » située au centre du Pentagramme 46 présent en Loge à partir du grade de Compagnon. En effet, le rituel du Second degré précise que l’une des signification de la lettre « G » est « Génie » 47. Le Pentagramme est un symbole magique éminemment maléfique.
Comme on le voit, tous les mystères de la magie, tous les symboles de la gnose, toutes les figures de l’occultisme, toutes les clefs kabbalistiques de la prophétie, se résument dans le signe du pentagramme, que Paracelse proclame le plus grand et le plus puissant de tous les signes 48.
Pour ce qui est donc du « Génie », il ne s’agit donc en rien l’Esprit Saint. Bien au contraire, un ancien haut dignitaire de la franc-maçonnerie, qui en a démissionné, nous explique la signification de la lettre « G » qui se trouve dans le Pentagramme maçonnique : « L’Etoile Flamboyante, Lucifer lui-même. Du centre de l’Etoile se détache la lettre G, monogramme de l’orgueil spirituel qu’on épelle : Satan-Dieu ». 49
Les francs-maçons ont des mots, des signes, et des attouchements afin de se reconnaître entre eux, et d’attester de leur grade. Au 18ème degré le signe correspond à la posture des bras et des mains que l’on remarque sur l’image figurant le diable dans l’arcane XV du Tarot 50. Ce geste se retrouve dans l’effigie de la Déesse Ishtar, dessinée par le franc-maçon des plus hauts degrés Oswald Wirth, et que les romains établissaient comme la déesse des enfers. Il se retrouve également dans l’image de Baphomet, exécutée par le franc-maçon de haut niveau et magicien Eliphas Levi. Enfin, ce geste, ainsi que divers attributs de Baphomet, est reproduit dans la statue de Baphomet érigée par l’église de Satan à Detroit (USA) 51 ! Ce geste consiste à montre d’une main le ciel, et de l’autre la terre et a une signification hermétique : « Ce qui est en haut et comme ce qui est en bas et ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ». Il s’agit d’une maxime figurant à la table d’émeraude réalisée par Hermès Trismégiste et signifiant que la puissance du démon et équivalente à celle de Dieu ! Au contraire, Jésus nous apprend que « Vous, c’est d’en bas que vous êtes, moi c’est d’en haut que je suis » 52. C’est pourquoi la tradition chrétienne fait du Ciel la demeure de Dieu, et du centre de la terre celle de Satan-Lucifer.
Mais la présence de Lucifer dans les rituels maçonniques intervient dès l’initiation. Il serait trop long dans le cadre du présent texte d’en donner tous les éléments de preuve 53. Mais je témoigne par exemple que lors d’une cérémonie particulière au premier degré d’Apprenti, un texte de glorification à Lucifer fut exposé par le Vénérable Maître.
Enfin, la franc-maçonnerie glorifie le serpent de la Genèse : « La séduction d’Eve par le Serpent fait allusion aux principes fondamentaux de toute initiation. » 54. De même :
Le Serpent séducteur, qui incite à mordre au fruit de l’arbre de la Connaissance du bien et du mal, symbolise un instinct particulier (…) Cet aiguillon secret est le promoteur de tous les progrès (sic ! , de toutes les conquêtes qui étendent la sphère d’action des individus (…) Cela explique pourquoi le Serpent 55, inspirateur de désobéissance, d’insubordination et de révolte fut maudit par les anciens théocrates, alors qu’il était en honneur parmi les initiés. 56
Enfin, un spécialiste espagnol de la franc-maçonnerie nous explique que :
Je suis convaincu que de nombreux francs-maçons se sentent légitimement blessés lorsqu’on les qualifie d’adeptes de Satan et quand on leur dit que la franc-maçonnerie est satanique. Il n’en est pas ainsi, mais il est important de souligner que tous les satanistes sont francs-maçons. A certains moments, il existe bien une convergence entre la franc-maçonnerie et le satanisme, car nous pouvons faire référence à une dimension satanique au sein de la franc-maçonnerie. 57
7. Vous avez évoqué la gnose. En quoi est-elle la religion maçonnique ?
Dans mes livres et dans les conférences que je donne j’utilise une méthologie : je témoigne et je confirme mon témoignage par des textes authentiquement maçonniques (livres de doctrine ou rituels par exemple). Pour ce qui est de la Gnose,le site officiel de la Grande Loge Nationale Française, qui est l’obédience la plus « régulière » (puisqu’elle est la seule à être reconnue par la franc-maçonnerie anglo-saxonne (qui est à l’origine directe ou indirecte de toutes les obédiences)donne, par exemple , comme l’un des fondements du Rite Ecossais Ancien et Accepté (qui selon certaines sources est le plus pratiqué au monde) le Gnosticisme chrétien. Qu’est le Gnosticisme ? Il s’agit d’un mouvement religieux apparu dès le Ier et IIème siècles et relevant d’auteurs, ou de textes, s’opposant très tôt au Christianisme et s’appuyant sur des doctrines dualistes, comme celle de Mani. Il s’agit, par exemple, d’un certain nombre d’évangiles apocryphes, c’est à dire non reconnus car tardifs et suspectés d’inauthenticité par l’Eglise (évangile de Thomas et de Philippe, évangile de Judas).Le Gnosticisme fut déclaré hérétique par le Concile de Nicée en 325, confirmant ainsi l’analyse théologique de saint Irénée au IIème siècle. Il faut bien comprendre que le Gnosticisme est fondamentalement opposé au Christianisme en ce qu’il prétend « … à la satisfaction … d’avoir accès au Savoir total, de pénétrer des secrets ignorés du troupeau des psychiques adeptes de la religion chrétienne ordinaire … D’autant que la Gnose, en sus de l’accès aux secrets de l’univers, donne aux élus qui n’est pas promis à tous mais seulement à quelques initiés. (Roland Hureaux « Gnose et Gnostiques » éd Desclée de Brouwer 2015, p 236 et s). On voit que cette définition est particulièrement proche de celle de la doctrine de la franc-maçonnerie. Roland Hureaux a ainsi démontré dans son livre que la franc-maçonnerie est une forme moderne du gnosticisme. Le professeur Jean-Claude Lozac’hmeur (« Les origines occultistes de la franc-maçonnerie », éd Cimes)explique également qu’à l’origine d’un certain nombre de mouvement initiatiques (Rose-Croix, Kabbale, Alchimie etc…) et en particulier Franc-maçonnerie (dont la doctrine est fondée sur ces mouvements), proviennent du Gnosticisme.
La Gnose c’est l’exaltation de l’homme, acte qui est au centre du système maçonnique. Je donne un exemple. Au 2nd degré, le compagnon voit l’Étoile flamboyante dans laquelle est inscrite la lettre « G ». D’un point de vue herméneutique cette Étoile flamboyante n’est autre que l’« astre brillant, fils de l’aurore et destructeur des nations » (Is 14, 12-13). Cette anagogie n’est jamais évoquée… Or cette Étoile flamboyante, que le compagnon a seulement vue, sera symboliquement assimilée par lui à la maîtrise. Ici, à la réception, le compagnon candidat entrera à reculons dans la Chambre du Milieu des maîtres, où cette étoile figure maintenant au-dessus de la porte qu’il vient de franchir. Symboliquement le compagnon est passé à l’« autre côté », il est sur la voie de devenir lui-même cette Étoile à la fin de la réception. La formule dit que « maître maçon se trouve entre le compas et l’équerre », c’est le lieu où s’inscrit aussi l’Étoile flamboyante ! En résumé, ce qui était extérieur est devenu intérieur, c’est une métanoïa qui est désignée par les kabbalistes comme le « déplacement des lumières ».
Quant à la lettre « G », celle-ci correspond au Grand Géomètre (Architecte) de l’Univers, et qui, finalement, n’est autre aussi que le maçon lui-même. C’est confirmé au 12ème degré, où le maçon s’identifie au Grand Maître Architecte (Géomètre). À l’admission de ce degré, le postulant trace un grand « cercle universel » dont lui-même constitue le centre. À partir du 2nd degré on retrouve cet adage de l’Antiquité païenne : Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux ». Autrement dit, deviens le dieu que tu es !
Voici un résumé éloquent du 12ème degré, Grand Maître Architecte :
Une distinction est faite aussi entre la Connaissance, qui est l’Absolu, et la connaissance, rapport entre un objet et un sujet, entre quelque chose d’extérieur à l’homme et l’esprit humain, simple phénomène, c’est-à-dire apparence. La suprême ambition des Grands Maîtres Architectes est de faire vivre en eux la vérité, de manger du fruit de l’Arbre de la Connaissance, d’être des Dieux. L’initié, ajoute le rituel, ne parviendra à cette victoire, conquête de tous les instants, que par un rigoureux effort animé par une constante volonté.
Paul Naudon, Histoire, Rituels et Tuileur des Hauts-Grades Maçonniques, Dervy, 1978.
En maçonnerie il y a aussi des traces du gnosticisme des premiers siècles. Par exemple le concept des « Trois Mondes » de Basilide, le dualisme (Pavé mosaïque) de Mani ; la Décade (avec la Tétraktys pythagoricienne) de Valentin ; l’Un du Tout ou la Monade, dyade, triade de Plotin, Porphyre et Jamblique ; la superreligion des peuples de Proclus, devenu en maçonnerie le Noachisme. En 1738 la Maçonnerie ajoute un nouveau et premier article aux Constitutions de 1723. L’article proclame qu’ « un Maçon est obligé par sa tenure d’observer la Loi Morale en tant que véritable Noachite ». Or, le noachisme n’est autre que la « religion universelle » talmudique menée par des prêtres juifs à laquelle toute l’humanité doit se soumettre, « c’est la reconnaissance que l’humanité doit faire de la vérité doctrinale d’Israël ». Le rabbin kabbaliste Élie Benamozegh, Israël et l’Humanité, 1914,Albin Michel, 1961.
8. Ainsi que la magie. S’exercerait-elle en Loge à l’insu d’un grand nombre de maçons ?
La Grande Loge de France travaille au Rite Ecossais Ancien et Accepté, le Rite le plus répandu. Il est composé de 33 degrés, et le terme « magie » ne figure nulle part ; ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’envoûtement magique. Et cela ne veut pas dire non plus que maçonnerie et magie ne puissent pas faire bon ménage. Cela a bien été le cas dans quelques branches de la maçonnerie dite « égyptienne » : Ordre des Chevaliers maçons Élus Coëns de l’Univers, Memphis-Misraïm, Martinisme, Golden Dawn, Holy Brotherhood of Luxor…
Les rituels maçonniques sont essentiellement magiques. Par exemple, ils partagent avec la pratique magique la création par l’homme et par des forces invisibles – et non par l’invocation de l’Esprit Saint de Dieu – d’un espace « sacré » : celui dans lequel se déroule la « Tenue » (cérémonie) maçonnique. Cette création s’effectue par le déroulement du rituel. Je montre également dans l’un de mes ouvrages (« Secret maçonnique ou vérité catholique » éd Artège 2019) que le rituel de la « Chaîne d’Union », permettant notamment l’accès à une énergie supérieure, et l’émergence d’une « force pensée » ou la cérémonie d’élévation à la Maîtrise qui procède à l’ouverture des « Chakras », sont des des processus éminemment magiques qui influencent le psychisme. Et parfois les évènements. La magie des rituels maçonniques s’exerce essentiellement par l’action du symbolisme.
9. On a récemment pu voir que la finalité de la gnose était l’annilation, consentie. Cela signifie t-il maçonnerie travaille à la destruction de la Création, sinon de l’humanité ?
Dans mon live sur le secret maçonnique, je montre qu’au 32ème degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, le candidat, qui vient d’être reçu à ce Haut Grade, entend cette phrase : « Te voilà parvenu à ce grade où il est indispensable que la finalité de l’Ordre devienne pour toi une évidence claire ». Ce qui confirme deux choses : la première est que la franc-maçonnerie poursuit clairement un objectif et qu’elle n’est pas simplement un groupement innocemment spiritualiste. Ou plutôt que sa spiritualité s’applique un objectif précis et secret. La seconde est que les écrits (Morals and dogmas of free masonry) d’Albert Pike (l’un des francs-maçons les plus éminents, qui fut créateur du Rite Ecossais Ancien et Accepté)annonçaient une vérité lorsqu’il évoquait que la signification véritable du symbolisme maçonnique doit être caché aux francs-maçons eux-mêmes, sauf aux « adeptes ». C’est à dire à ceux qui sont parvenus au moins au 28ème degré des Hauts grades (nommé Prince Adepte). Il ajoutait, s’agissant des francs-maçons des grades inférieurs à celui-là que l’important n’est pas qu’ils comprennent la signification réelle des symboles, mais qu’ils soient persuadés de la comprendre. Si, comme je le démontre dans mes livres et conférences, la franc-maçonnerie est luciférienne et vise à l’installation d’une religion maçonnique universelle, alors son objectif est bien de détruire les fondements du monde tel que nous le connaissons, c’est à dire fondé sur une morale divine, et notamment chrétienne. Tel est l’un des aspects du secret maçonnique couvrant l’effectivité de sa lutte acharnée (ouverte ou déguisée) contre l’Eglise.
La maçonnerie travaille à la réalisation du Temple universel de l’humanité. Cette superreligion s’appelle le Noachisme (Constitutions article 1er). À sa fondation, en 1717, il y avait d’abord deux obstacles principaux à vaincre : l’Église et les Trônes. Cela avait déjà été formulé dans le manifeste Fama Fraternitatis, en 1614, par les ancêtres de la maçonnerie, les Rose-Croix. Tous les Trônes ont été détruits, il reste l’Église… La devise du Rite Ecossais est Ordo ab Chao (l’Ordre à partir du Chaos), donc d’abord la destruction, la dissolution (solve) avant la fixation (goagula) du Nouvel Ordre Mondial.
Comment la maçonnerie a-t-elle fait pour réussir ? C’est par son influence relativiste talmudique que la maçonnerie avait ramolli l’esprit de la noblesse de l’Ancienne Régime, qu’en 1789, les conditions étaient réunies pour que des maçons complotistes l’heure était venue de passer à l’acte. Puis, au 19ème siècle, et partout dans le monde, les pays catholiques ont été confrontés aux révolutionnaires maçonniques et paramaçonniques pour l’accaparation des biens et du pouvoir. Derrière ces actions se cachait la haute-finance qui s’appuyait sur des idiots-utiles, excepté les vrais initiés… Depuis l’arrivée des Think Thanks les loges ne jouent plus ce rôle actif, se délimitant au formatage et programmation des esprits. Mais avant tout, comme cela a été dit, la maçonnerie n’est que l’enveloppement d’autre chose…
10. On rapporte que lors de la Révolution française, parmi les nombreuses Loges peu connaissaient l’issue. Pensez-vous qu’il en est de même aujourd’hui ?
Rien a changé, c’est toujours le même scenario avec quelques acteurs « choisis » et une foule de figurants. La quasi-totalité de maçons ne se posent pas de questions, ils se contentent avec la fabulation d’une origine « corporative » et sont séduits par les « mystères » qui les font tourner en rond… Qui ne voudrait pas progresser en connaissance ? Connaissance suppose discernement. Contre cet aveuglement il n’y qu’un remède, le réalisme philosophique d’Aristote, saint Thomas d’Aquin… Cela demande non seulement beaucoup d’effort, mais aussi, et surtout, une disposition totale d’une remise en cause de toute conviction préétabli ; bref, une exigence qui dépasse la plupart de nos contemporains.
La franc-maçonnerie est à l’origine de la révolution de 1789 en France. La plupart des protagonistes importants de ces évènements étaient francs-maçons.« Dans cette Révolution Française, tout jusqu’à ses forfaits les plus épouvantables, tout a été prévu, médité, combiné, résolu, statué : tout a été l’effet de la plus profonde scélératesse, puisque tout a été préparé, amené par des hommes qui avaient seuls le fil des conspirations longtemps ourdies dans des sociétés secrètes, et qui ont su choisir et hâter les moments propices aux complots (Abbé Augustin Barruel – Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme, Hambourg, 1797).
Propos recueillis par Gregor OVITCH
1 – En écriture maçonnique Vénérables Maîtres
2 – En écriture maçonnique Sœurs et Frères
3 – Cf. « Constitution Internationale » , p 4 ( art. 2 ) et « Rituel d’initiation au premier degré symbolique, Audition sous le bandeau » p 1, de l’Ordre Maçonnique Mixte International « Le Droit Humain », R.E.A.A.
4 – Voir Rituel d’initiation au Premier degré symbolique, Droit Humain, p1
5 – Cf. https://www.capital.fr/economie-politique/franc-maconnerie-au-service-de-tous-ou-seulement-des-elites-1234574
6 – En langage maçonnique : situé à Caracassonne
7 – Cf. https://blogs.lexpress.fr/lumiere-franc-macon/2017/01/04/jean-francois-daraud-rbm-exclu-du-godf/
8 – Cf. https://blogs.lexpress.fr/lumiere-franc-macon/2017/01/04/jean-francois-daraud-rbm-exclu-du-godf/
9 – Cf. https://blogs.lexpress.fr/lumiere-franc-macon/2017/01/04/jean-francois-daraud-rbm-exclu-du-godf/
10 – Emmanuel Pierrat et Laurent Kupferman « Ce que la République doit aux francs-maçons » éd First 2021, p 82, 83, 84 et p 85
11 – Les grades maçonniques sont : Apprenti ( 1er degré ), Compagnon ( 2d degré ), Maître ( 3ème degré). Il y a ensuite les Hauts Grades, plus ou moins nombreux selon les Rites. Par exemple, le Rite Ecossais Ancien et Accepté, que je connais bien pour l’avoir pratiqué pendant 24 ans, comprend 33 degré (du 1er au 33ème degrés).
12 – Cf. « Rituel d’élévation de salaire au grade de Compagnon », Droit Humain, p 41
13 – Pierre Simon, Grand Maître de la Grande Loge De France montre clairement dans son ouvrage « De la vie avant toute chose » comment la franc-maçonnerie fut à l’origine des lois sur l’avortement. De même la Grande Loge Féminine de France a-t-elle défilé au soutien d’une légalisation de l’avortement au cours des débats parlementaires sur ce thème (voir Marie France Picart « La Grande Loge Féminine de France », éd. Que sais-je n° 3819).
14 – Mt 7, 15-16
15 – Voir notamment Roland Hureaux « Gnose et gnostiques » éd. Desclée de Brouwer 2015, p 236 et s.
16 – Roland Hureaux « Gnose et gnostiques » éd. Desclée de Brouwer 2015, p 159
17 – Doctrine niant la divinité du Christ et sa consubstialité avec Dieu le Père, et condamnée comme hérétique par le Concile de Nicée.
18 – 2 Jn, 1, 7
19 – Cf. « Planche » maçonnique, in http://ledifice.net/7199-2.html
20 – La franc-maçonnerie a été créée en 1717 à Londres.
21 – « Symbolisme du 18ème degré grade Rose + Croix », Grand Collège des Rites du Suprême Conseil, 1973, 2ème édition, p 9
22 – Rituel du Baptème Catholique (enfants).
23 – Rituel d’initiation, Droit Humain, REAA, p. 13.
24 – Jn 8,12
25 – Jean-Pierre Servel, Grand Maître de la GLNF, in http://glnf.fr
26 – Voir l’encyclique « Fides et ratio » du Pape saint Jean Paul II
27 – Oswald Wirth « La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes », T.III « Le Maître », éd Dervy, p148
28 – Une « tenue » est une réunion, une cérémonie, maçonniques.
29 – Rabi Zied Odnil, « Franc-maçonnerie, G.A.D.L.U » éd Shékinah 2016, p 11
30 – Voir en ce sens Pr Alberto de la Barcena « Iglesia y masoneria », ed San Roman 2016, p 19
31 – A titre de comparaison le Grand Orient de France compte environ 50 000 membres, et le Droit Humain environ 30 000
32 – « Déclaration sur l’incompatibilité entre l’appartenance à l’Eglise et à la franc-maçonnerie », in http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_faith_do…
33 – Impossibilité de conciliation entre foi chrétienne et maçonnerie, in « Réflexion a un an de la déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi », in https://www.vatican.va/cfaith/documents », 23 février 1985
34 – Rituel d’initiation au Premier degré symbolique (Apprenti), Droit Humain, p 25
35 – Rituel d’initiation au Premier degré symbolique (Apprenti), Droit Humain, p 41
36 – Rituel d’initiation au Premier degré symbolique (Apprenti), Droit Humain, p 43
37 – Rituel d’initiation au Premier degré symbolique (Apprenti), Droit Humain, p 45
38 – Les protagonistes de cette affaire, dont certains ont été condamnés n’étaient pas tous francs-maçons, mais une bonne partie d’entre eux l’étaient. Curieusement, si certains membres de la franc-maçonnerie ont été sanctionnés par la Justice, d’autres bien plus impliqués n’ont pas été inquiétés !
39 – Cour d’Appel de Montpellier, 3e chambre correctionnelle, Arrêt n°15/1706 du 07/12/2015
40 – Pour des exemples, voir les photographies dans les annexes à la fin de mon livre « Secret maçonnique ou vérité catholique » éd Artège 2019
41 – Qui est l’arme maçonnique du titulaire du 30ème degré
42 – Mais symbolique ne signifie pas anodin. Le geste symbolique possède une effectivité : tous les acteurs de la magie le savent bien !
43 – Je dois toutefois préciser qu’avec certains francs-maçons présents lors de mes conférences, le dialogue fut cordial, même si nos points de vue furent divergents. Mais certains d’entre eux furent clairement outranciers.
44 – Instruction rituelle du 4ème degré de Maître secret, Droit Humain, p 10
45 – Rituel d’ouverture des travaux au 12ème degré des hauts grades de Grand Maître Architecte, Droit Humain, p 8
46 – Le Pentagramme est une étoile à cinq branches.
47 – Rituel de cérémonie d’augmentation de salaire au grade de Compagnon, Droit Humain, p51
48 – Eliphas Levi « Secret de la Magie » éd Robert Laffont 2000 p 201
49 – Jules Doinel ( pseudonyme : Jean Koska ) « Lucifer démasqué » éd Dualpha
50 – Voir mon livre « Je servais Lucifer sans le savoir » éd Téqui 2016, p 129 et 130
51 – Cf. https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2015/07/28/le-temple-satanique-de-detroit-devoile-son-imposante-statue-de-baphomet_5991389_4832693.html
52 – Jn 8, 21-23
53 – Je ne peux que renvoyer le lecteur à mes différents ouvrages et conférences (dont certaines dont accessibles sur internet).
54 – Oswald Wirth « La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes », T.3, « Le Maître » éd Dervy, p 13
55 – On voit dans ces deux textes, que la franc-maçonnerie honore le serpent, d’un « S » majuscule, en signe de déférence !
56 – Oswald Wirth « La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes », T.2, « Le Compagnon » éd Dervy, p 92
57 – Ricardo de la Cierva « Masoneria, Satanismo y Exorcismo », éd Fenix 2011, p 10 et 11 ( trad. S.A-G )
Bonsoir, Comment obtenir le mot de passe ?
Bien cordialement,
Alexia Salgues Coordonnatrice ULIS – Collège Le Plantaurel 31220 Cazères
Bonsoir et merci de votre intérêt. L’entretien n’est pas encore prêt et sera accessible à tous.
Bonjour, je me suis abonnée à votre newsletter mais un certain nombre d’articles nécessitent d’introduire un mot de passe pour pouvoir les lire. Pouvez-vous -vous me dire où trouver ce mot de passe svp?
Merci
Catherine Bérésovsky
Bonjour et merci de votre intérêt. L’article n’est pas encore prêt. Dès lors il sera accessible à tous.
Bonjour (mille excuses d’avance pour la longueur du commentaire).
Plus est claire et nette la vision du passé et plus le présent s’éclaire
La lettre « G » et le « Grand Architecte de l’Univers »
Si nous cherchons la signification qu’on donnait au mot « Vierge » dans les primitives religions, et même dans la Bible, nous voyons que la femme vierge, ce n’est pas la jeune fille, qui est appelée pro-stituée (premier-état), mais la jeune femme, celle qui est ou peut être mère. Si on la glorifiait, c’est parce qu’elle avait fait preuve de « sexualité ». C’est à elle qu’on rendait un culte, qu’on adressait des hommages. On la représentait comme le type de la chasteté ; elle est pure (pulchra), mais Mère cependant ; on montrait, par tous les symboles antiques, tels que les Épis de Cérès, de Cybèle ou le fruit du grenadier dont les innombrables pépins symbolisent la graine humaine, l’ovule, que la fonction spéciale à son sexe, l’ovulation, est une sanctification qui la grandit ; un symbolisme que l’on retrouve, entre autres, dans certains tableaux de Sandro Botticelli, comme « La Madone à la grenade », dans « La Vierge à la grenade » de Léonard de Vinci, ou dans la « Proserpine » peinte par Dante Gabriel Rossetti ; souvenons-nous que la Grenade est le fruit qui symbolise l’Église.
Dans le Massachusetts (USA), on voit des inscriptions phéniciennes gravées sur des roches (Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie univ., t.11) : le mot « Hour », dérivé du mot védique « Asura » et du « ashoura » ou « Ahoura » des anciens iraniens (« qui a ou qui donne la vie, celui qui est un principe de vie pour soi-même et pour les autres », c’est-à-dire la Mère), devenu « Houri » dans le persan moderne et « Houria » en arabe, signifie pro-stituée (premier-état), c’est-à-dire femme de l’ancien régime.
Plus tard, quand les Grecs feront leur mythologie, qui a pour but de cacher le rôle de la femme, les « Heures » (Heure, « Hour » en anglais) seront un groupe de déesses personnifiant les divisions du temps.
(…)
Pour faire comprendre la réaction spirituelle que la sexualité produit chez la femme, on représente l’esprit par une étoile : l’Etoile flamboyante, au milieu de laquelle se trouve la lettre G, « ghimel » en hébreu.
Cette lettre est la première du mot qui indique le sexe féminin dans une multitude de langues. Cette lettre, suivant les idiomes différents, est C, G, K, Q, X.
Parmi les noms du sexe féminin qu’une de ces lettres commence, citons « Gunè », femme en grec, « Graal », Vase sacré (sexe) en celtique, « Qvina », femme en suédois, « Queen », reine en breton ; en sanscrit, « Ga » signifie être creux, envelopper, contenir. En annamite (aujourd’hui le Viêt Nam) et dans l’Afrique centrale, « Ghé » exprime l’idée de cavité, de vase, de récipient.
Cette signification s’est conservée dans cette expression : Vase d’élection.
Dans les Mystères antiques, on expliquait pourquoi elle est la super-âme, l’Un suprême appelé « Guhya », ou Secret. On trouve en hébreu le mot « Ghilloulim », et en latin « Guttin », vase à boire.
Quand vint la période de réaction, on altéra les mots, on changea leur signification ; quelquefois on les retournait.
C’est ainsi que de Ghimel on fit « Melchi », comme de Carmel on faisait « Melkart ».
Et comme les initiés étaient appelés « Tsedek », on appela les apôtres du dogme féminin « Melchi-Tsedek » (Melchissédec).
NB : Les sociétés secrètes conservent depuis longtemps la vieille tradition qui enseigne que la Déesse était appelée « le Grand Architecte De L’Univers » ; mais la création qu’elle accomplit n’a rien de surnaturel : elle fonde des villes et elle crée l’enfant. Dans toutes les Ecritures primitives, il était parlé des Architectes (archi-tekton, en grec, de « tekton », charpente, ce qui soutient une œuvre) synthétisés par le « Théos collectif », le Panthéon, c’est-à-dire toutes les Déesses qui par une série de fondations, font naître tout ce qui concourt à organiser la vie spirituelle et la vie matérielle qu’on exprimait symboliquement par le Ciel et la Terre.
Architekton vient de « archein » (commander) qui vient de « arché » (commencement : celui qui a commandé au commencement), et « tekton » (charpentier), de « teuckein » (fabriquer).
« Il n’est pas sans importance, en ce qui concerne plus spécialement la tradition chrétienne, de remarquer, comme l’a fait déjà M. Coomaraswamy, écrit rené Guénon, qu’on peut facilement comprendre par-là que le Christ devait apparaître comme le « fils du charpentier » ; les faits historiques, comme nous l’avons dit bien souvent, ne sont en somme qu’un reflet de réalités d’un autre ordre, et c’est cela seul qui leur donne toute la valeur dont ils sont susceptibles (Etudes Traditionnelles, Maçons et Charpentiers).
C’est ainsi que Cérès est appelée « législatrice » ; que Junon est représentée avec des créneaux sur la tête, parce qu’elle fonda des villes. Elle est le Ciel sur la Terre ; on l’appelle Juno-Lucina, et on l’adore dans des fêtes appelées « les Calendes ».
Hera (anagramme de la Rhea greque devenu Ra en Égypte) est appelée « Souveraine ». Vénus-Uranie, ou Vénus-Lucifer, porte le flambeau de l’esprit qui dirige et organise.
Il existe encore dans la Franc-Maçonnerie moderne un Rite dit « d’Hérodom », qui est considéré comme la continuation directe du Rite qui a précédé tous les autres. On l’appelle aussi « Rite de Kilwinning », et encore « Rite ancien et de Perfection ». On a beaucoup cherché l’étymologie du mot « Hérodom », sans rien trouver parce qu’on n’est pas remonté assez loin dans l’histoire des sociétés secrètes. On y retrouve le mot latin « hœres », héritier, au génitif pluriel « hœredum », et, pour comprendre la réelle signification de ce mot, il faut se rappeler que Junon est appelée Souveraine, « Hera », en grec, et que ceux qui avaient hérité étaient appelés « Hérès ». Ceux qui servaient Junon étaient les « Hérésides », et c’est de ce mot qu’on a fait « Héritier ».
Les Déesses ne créent pas matériellement, mais spirituellement. Le travail matériel est fait par les « remueurs », les « moteurs », en hébreu « malakim » (messagers), qui sont au service des Déesses.
Le nom d’archives, qui a la même racine qu’architecte, était donné aux écritures relatives aux origines.
Remarquons enfin que « Malaki » qui, selon l’interprétation kabbalistique signifie « mon ange » ou plutôt « mon envoyé », et correspond au mot hébreu « Maléak » qui a le même sens, est l’anagramme du mot arabe « Al Kemi » (d’où « Alchimie ») qui est lui-même l’anagramme de « Mikael » en hébreu ou « Michaël » en allemand, autres nom de l’Archange Saint-Michel (à figure de Femme) qui, à la fin des temps, doit remporter la victoire finale du Bien sur le mal, en terrassant (c’est-à-dire en maîtrisant mais sans le sans tuer) « Satan » représenté par un dragon.
Cordialement.
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