Revêche comme le chiendent, la gnose attaque par les coins et les interstices pour, in fine, grignoter tout l’édifice. Alain Pascal, qui depuis 25 ans la déloge de l’histoire et de la philosophie « athée », a accepté de nous brosser un panorama des origines à nos jours.
1. Bonjour Alain Pascal, dans son acception protéiforme, la Gnose est-elle racine du mal ?
Commençons par des définitions. La gnose est une sotériologie par la connaissance, prétention qui s’accompagne d’un refus de la grâce. Elle n’est donc pas la racine du mal, mais une de ses expressions. La source du mal est le péché d’orgueil, celui de Lucifer qui entraîne avec lui les mauvais anges, puis d’Adam et Ève qui commettent le péché originel. Dieu incarne le Fils pour racheter l’humanité et la gndose est un refus de l’Incarnation et de la Révélation.
Sous cet aspect, la gnose hermétique est une des pires parce qu’elle fait semblant d’être chrétienne, mais elle n’est pas la seule. Car il y a des gnoses, ce pourquoi j’ai écrit la Guerre des gnoses, sous-titrée les ésotérismes contre la tradition chrétienne. La gnose est en effet protéiforme, même si sa finalité est toujours la même, lutter contre le christianisme, y compris de l’intérieur, ce qui est d’une actualité dramatique, puisque le modernisme de Vatican II est une résurgence gnostique.
Cependant, je me suis intéressé à la gnose non à partir de la théologie, mais du pouvoir maçonnique sur la société. Après y avoir été confronté quand j’exerçais la profession d’avocat à Paris, le fameux serment du B’Naï B’Rith qui interdisait aux hommes politiques de « droite » de s’allier au Front National m’a fait prendre conscience de l’imposture démocratique. La franc-maçonnerie tient la République et, comme elle entraîne la France vers le pire, elle trahit le peuple.
J’ai alors écrit mon premier livre, la Trahison des Initiés, dont le sous-titre est la franc-maçonnerie, du combat politique à la guerre de religion, car, au delà de la main-mise sur le politique, la franc-maçonnerie continue la guerre des gnoses des premiers temps. Elle aussi est protéiforme, puisque les obédiences sont multiples, cependant une « religion » les unit, la gnose. Les Grands Initiés ne s’en cachent pas et il suffit d’étudier l’ésotérisme maçonnique pour vérifier qu’il s’inspire des divers masques qu’a revêtu le Diable, le gnosticisme, l’hermétisme, l’alchimie, mais également la Kabbale. Or, avant la franc-maçonnerie, la gnose a été à l’origine de l’islam, puis la Kabbale du « péché originel » de la Renaissance, l’Homme qui prend la place de Dieu. Les gnostiques et les kabbalistes prétendaient à une illumination, au XVIIe siècle, les Rose-Croix ont avoué tenir leur « lumière » de Lucifer et ils sont à l’origine de la franc-maçonnerie. J’ai tracé ce parcours en plusieurs tomes, du premier siècle à nos jours. La gnose est la religion secrète du mondialisme, lequel est anti-chrétien, donc la gnose est d’actualité. En quelque sorte, l’histoire confirme la théologie.
2. Selon les gnostiques, la Révélation a un sens caché. Le mieux est-il l’ennemi du bien ?
Dès les premiers temps, les ennemis du Christ ont fait croire qu’il y avait un ésotérisme chrétien et ils ont inventé de multiples textes pour les opposer aux Évangiles. Des auteurs à la mode en font toujours leurs choux gras, mais ils sont des imposteurs. Le christianisme met fin à l’ésotérisme car le Christ révèle toute la Vérité, ce qui ne veut pas dire que nous pouvons tout comprendre. Par exemple, la Sainte Trinité est un Mystère qui dépasse notre intelligence, cependant ce Mystère a été révélé. Il n’y a donc pas de « secret », ni d’initiation au sens ésotérique, c’est-à-dire réservée à des « illuminés ».
Dès l’origine, l’Église a nié qu’il y ait un ésotérisme chrétien et saint Irénée a dénoncé les gnostiques. La gnose est l’ennemie de la foi, quelle que soit l’époque. L’autre incompatibilité est métaphysique, car, dans le christianisme, l’Intelligence est celle de Dieu, tandis que dans les ésotérismes, l’homme se substitue à Dieu, puisqu’il prétend détenir des secrets initiatiques. Or le Christ a offert le salut à tous les humains, à condition qu’ils reçoivent le Baptême, sacrement qui, à l’image de l’initiation antique, est un changement d’être, mais sans connaissance secrète. Si donc j’évoque une « initiation chrétienne », j’écris les termes entre guillemets, parce qu’elle est sacramentelle et non pas cosmique. Le Sacrement vient de Dieu, l’initiation au sens gnostique et maçonnique s’entend dans le cadre des cultes cosmiques. Et il y a une énorme différence entre les deux, le christianisme reposant sur un dualisme métaphysique – un Être créateur d’un Être créé qui n’est pas son corps – tandis que les cultes cosmiques sont obligatoirement monistes, l’Être étant Un. Les mots ont un sens et, depuis l’origine, les ennemis du Christ passent leur temps à brouiller les mots pour tromper les chrétiens.
3. Avec Sylvain Durain, nous avons vu que le Christ mit fin à la logique sacrificielle. Comment expliquer sa résurgence ?
Quand j’ai lu le livre de Sylvain Durain*, j’ai été heureux qu’un auteur de la nouvelle génération repose le problème du sacrificiel. On oublie en effet que l’Antiquité païenne sacrifiait des êtres humains et que le Sacrifice du Fils de Dieu met fin à cette pratique. C’est de la théologie, cependant, là encore, l’histoire en re-démontre l’importance. Ainsi, l’islam n’est pas une religion de la Bible, mais une résurgence cosmique, et l’Orient chrétien a été recouvert de sang, puis la Renaissance a fait revenir les cultes cosmiques en Occident, et avec eux le sacrifice (mais aussi l’esclavage). L’Humanisme a provoqué l’hérésie protestante qui a parsemé l’Europe de cadavres catholiques et souvent selon des rites sacrificiels. Il va de soi qu’il faut réviser l’histoire des guerres de Religion, qui ne sont pas du tout ce que l’on dit. Le catholicisme est l’agressé et il y a au moins dix fois plus de victimes catholiques que protestantes. La faute en remonte à Luther qui, en attaquant la Messe et l’Eucharistie, a délié la violence sacrificielle. J’ai écrit la Réforme, cette révolution pour le montrer.
Assaillis de toute part par ces reptiles, les Hébreux supplièrent Moïse qui, après avoir prié, fit dresser un poteau au milieu du camp devant le tabernacle représentant un serpent d’airain (alliage de cuivre) qu’il suffisait de regarder afin d’être guéri des morsures. C’était la manifestation d’un acte de foi. L’explication apportée par Dom de Monléon s’appuyant sur Saint Augustin et Saint Ambroise en lien avec l’acte néfaste occasionné par le serpent au jardin d’Eden est la suivante :
« C’est à la persuasion du serpent, écrit Saint Augustin, que l’homme est tombé et a été condamné à mort. Ne convenait-il donc pas que, pour figurer cette condamnation à mort, le serpent même fût attaché et élevé sur l’instrument du supplice ? C’était un symbole expressif de la mort du Sauveur sur la Croix ». (…) C’est en figure que le serpent d’airain a été attaché sur un gibet. Il annonçait au genre humain le véritable crucifié, celui qui détruisait le venin du vrai serpent, c’est-à-dire le diable »
Cette image, justement parce qu’elle a quelque chose qui heurte notre sensibilité, est destinée à nous faire comprendre à quel point le Christ nous a aimés. Lui qui n’a jamais commis le péché, il a pris une chair faite à la ressemblance du péché, figurée ici par le serpent. Dans cette chair, il a payé la punition due au péché : c’est pourquoi le serpent est mis en croix. Mais il n’a pris que la ressemblance, il n’a pas pris le péché : comme serpent, qui avait la figure d’un animal venimeux, mais qui n’en avait pas le venin. Il était d’airain pour marquer la force invincible de Jésus, dans les tentations comme dans les souffrances, pour manifester que la croix dure éternellement, et que rien ne pourra prévaloir contre elle 1. »
Pierre Hillard – Archives du mondialisme
Et là encore, l’actualité est flagrante, puisque Vatican II a adopté l’hérésie protestante et, pis encore, la Révolution. Or, la Révolution est anti-chrétienne et le mondialisme est sa conclusion. Le pire est donc à redouter. Girard avait stigmatisé la « crise sacrificielle du monde moderne », les deux-cent millions de morts du XXe siècle l’illustrent et, puisque la Révolution continue, le sang humain risque de couler. C’est la conséquence inéluctable de la déchristianisation du monde et de son retour aux cultes primitifs. Sylvain Durain a rappelé l’importance de « ce sang qui nous lie » – magnifique titre – et il a fait plus que cela, il a décrypté ce qu’il a appelé le « matriarcat sacrificiel ». C’est tout le danger de l’hystérie féministe, l’utilisation de ce que l’on appelle le « Féminin ésotérique » pour abattre le Patriarcat chrétien. Lénine avait dit « qui tient la femme tient la société », ce pourquoi j’ai défendu la femme contre le féminisme dans mon livre sur mai 68 2. Et ce n’est pas la première fois que le Féminin ésotérique sert à combattre la société chrétienne, puisque le fondateur du gnosticisme, Simon le Magicien, avait utilisé ce principe cosmique pour créer la première secte des Illuminés, qui se voulait une contre Église, déjà…
Dans l’Antiquité, seuls les juifs pratiquaient la Religion du Vrai Dieu. Toutes les autres nations, que l’Ecriture rassemble sous le nom de Gentils, pratiquaient la religion païenne. Le paganisme de la gentilité était sous la dépendance de Satan. […] Nous connaissons surtout le paganisme par les réprimandes que Dieu adresse au peuple juif. Il lui reproche précisément d’adorer parfois les idoles des nations et il donne les raisons de ses reproches :
« Les hébreux se mêlèrent aux nations et ils apprirent leurs œuvres. Ils servirent leurs idoles qui furent pour eux un piège. Ils sacrifièrent leurs fils et leurs filles à des démons. » (Ps. CV, 35-37)
On trouve dans le Deutéronome, un passage dans le même sens :
« Le peuple de Dieu a abandonné le Dieu qui l’avait formé et il a méprisé le rocher de son salut. Ils ont excité la jalousie de Dieu par des dieux étrangers ; ils L’ont irrité par des abominations ; ils ont sacrifié à des démons qui ne sont pas Dieu, à des dieux qu’ils ne connaissaient pas, dieux nouveaux, venus récemment, devant lesquels vos pères n’avaient pas tremblé. » (Deut. XXXII, 15-17)
Au moment de l’Avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le paganisme restait ce qu’il avait été dès les temps anciens et saint Paul donne des idoles la même définition que les livres de l’Ancien Testament :
« Je dis que ce que les païens offrent en sacrifice, ils l’immolent à des démons et non à Dieu. Or je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. Vous ne pouvez boire à la fois au calice du Seigneur et au calice des démons. Vous ne pouvez prendre part à la table du Seigneur et à la table des démons. » (I Cor. X, 20-21)
Jean Vaquié – Abrégé de démonologie
4. Le terme Renaissance est, avec Jeune, Nouveau et Printemps, la marque des mouvements gnostico-compatibles (Giovane Europa, Nouvelle Action Française, Printemps des Révolutions). Cette remarque s’applique t-elle au néo-platonisme ?
La Renaissance est une imposture en ce qu’elle ferait revenir la culture de l’Antiquité païenne et les termes « jeune, nouveau, printemps » sont des pièges sémantiques qui fonctionnent depuis longtemps. Ils servent à diviser la société, à opposer les nouvelles générations aux précédentes, alors qu’il y a des résistants dans chaque génération. Le « jeunisme » est l’alter ego du féminisme qui oppose la femme et l’homme. La France, l’Europe, a fortiori la Chrétienté sont affaiblies par ces conflits artificiels. Nous sommes tous embarqués, comme disait Blaise Pascal, et le fait concerne les chrétiens, mais aussi les païens. Avec le mondialisme, c’est l’Occident chrétien qui est menacé de disparition.
La question est : les mouvements que vous citez défendent-ils notre civilisation commune ? S’ils ne sont pas chrétiens – voire pour certains anti-chrétiens – la réponse est non. Ils créent une brèche et la gnose s’y infiltre toujours. Cette remarque s’applique au néo-platonisme, mouvement philosophique qui a été la principale source d’erreurs. En effet, même si le païen Plotin en est le grand théoricien au IIIe siècle, le néo-platonisme remonte à Philon le Juif, qui est également l’ancêtre de la Kabbale officielle, datée du XIIe siècle, alors qu’elle est contemporaine du gnosticisme, ce pourquoi j’ai intitulé mon premier livre : la pré-Kabbale 5.
Il y a une Kabbale avant la Kabbale, et son ésotérisme suit deux voies, celle des illuminés gnostiques dans la lignée de Simon le Magicien, mais aussi celle des philosophes néo-platoniciens, tous étant évidemment des ennemis du christianisme. Il faut donc distinguer le platonisme du néo-platonisme. Ce n’est pas Platon lui-même qui est diabolique, saint Justin et saint Augustin l’ont christianisé, c’est l’interprétation néo-platonicienne qui soumet ce philosophe (mais aussi Aristote) à l’ésotérisme judéo-égyptien né à Alexandrie pendant la période hellénistique.
Il y a une histoire secrète de la philosophie qui, à travers le mouvement néo-platonicien, permet de dénoncer l’imposture de la Renaissance à se dire occidentale et chrétienne, dès lors qu’elle est gnostique et kabbalistique – elle fait revenir Alexandrie et non la Grèce -, donc ses suites philosophiques le sont aussi, à savoir le cartésianisme et la philosophie des Lumières, et pour preuve, celle-ci a préparé la Révolution anti-chrétienne, mais aussi anti-occidentale. Le mondialisme est son aboutissement et il tente de mettre à mort l’Occident pour le soumettre à l’Orient. Les païens occidentaux devraient donc être solidaires des chrétiens ou, pour être plus précis, des catholiques (traditionalistes, cela va de soi).
5. Et c’est aussi la période où les démons antiques et païens reviennent. L’Eglise avait pourtant évité cette bascule à plusieurs reprises…
Les païens étaient en quête de Dieu (ce qu’illustre la philosophie grecque), hélas leurs idoles ont été les démons qui les en ont détourné. L’idolâtrie actuelle remplit le même rôle. Simon était le Magicien et les enfants d’aujourd’hui célèbrent les sorcières (Féminin ésotérique) en la fête d’Halloween, qui vise à les détourner de la Toussaint et dont j’ai fait remarquer que Luther avait affiché ce jour-là son placard contre les indulgences. Le protestantisme est un golem, avis à tous les chrétiens égarés.
Les sorcières pratiquent la magie, omniprésente dans les médias, et ce culte diabolique est incrusté aussi dans l’esprit des adolescents par un petit sorcier célèbre. La magie avait été écartée par le christianisme (ce qui a permis la science), elle est revenue avec la Renaissance, plusieurs Humanistes étant des sorciers, notamment Rabelais, et ils fréquentaient des illuminés protestants dans des sociétés secrètes. La Renaissance et la Réforme sont des fruits pervers de la Kabbale, ce n’est pas conformiste de le souligner, mais c’est l’histoire, j’ai donné les preuves dans mes livres. Ainsi, par le refus de l’Incarnation, les païens se rendent complices des talmudistes, les premiers à avoir porté dans l’ère chrétienne ce que la théologie appelle le Mystère d’Iniquité. En fait, les païens d’aujourd’hui sont victimes de la guerre culturelle, qui, par l’invention d’un « Moyen Âge » qui serait « obscur » parce que chrétien, efface le fait que la culture antique et sa civilisation n’ont survécu que par le christianisme.
L’art illustre toujours l’état de la société (c’est dire où nous en sommes…). Les Temps féodaux – le serment germanique sanctifié par la foi – ont vu la construction des cathédrales, la Renaissance y a mis fin et son art a des aspects ésotériques. Il y a eu une secte de Diane, Vénus est une figure du Féminin ésotérique, etc. Ce n’est pas pour rien que j’ai illustré mon livre sur la Renaissance par le dessin de Vinci, l’homme géométrique inscrit nu dans un cercle. Retour du corps, mathématique ésotérique, enfermement dans le Cosmos et refus de la transcendance, etc. Quant à l’« art » de nos jours, il est symptomatique de la décomposition de la société et de la régression au primitif. Sous-culture, danses de sauvages, drogues, gribouillis ésotériques, l’« art moderne » (sic) participe à l’envoûtement 6.
6. Bascule nous amenant au Nouveau Monde…
L’histoire officielle fait de Christophe Colomb le découvreur de l’Amérique en 1492, mais le fait est contesté. Et on devrait parler de re-découverte, puisque les Vikings y étaient allés avant. Colomb lui-même est un initié qui s’inscrit dans la suite des cathares et précède la Réforme. Il cherche un Orient symbolique qui régénèrerait l’Occident, mais aussi à faire fortune et il n’est pas le seul. Le « rêve américain » poursuit cette double quête qui est devenue de nos jours celle du mondialisme. Je l’explique aussi dans mon livre la Renaissance, cette imposture. Pour un chrétien, le grand évènement de 1492 est la reprise de Grenade qui permet la libération de l’Espagne après sept longs siècles de martyre, que l’histoire officielle maquille en « civilisation andalouse ». Non, les chrétiens ont été persécutés et réduits en esclavages par les musulmans et, n’en déplaise à l‘« historiquement correct », les juifs y ont collaboré. D’où leur expulsion, mesure de clémence, tous les « collabos » ou présumés tels n’ont pas eu ce privilège.
Autre fait, l’Inquisition ne concernait pas les juifs – donc ils n’en ont pas été victimes -, certains sont restés en Espagne sans être inquiétés, d’autres se sont réfugiés à Rome sous la protection du pape. Et, loin de l’en remercier, ils ont fait pénétrer l’Humanisme à Rome et ils ont continué de commercer avec les musulmans par l’intermédiaire des juifs partis en Orient. De là vient leur complicité dans le trafic d’esclaves noirs vers l’Amérique après que le pape ait protégé les Indiens contre certains colons. Il avait été prévenu par les missionnaires, dont la prédication a été bien accueillie par les autochtones qui étaient élevés dans des cages pour être sacrifiés. La « civilisation » pré-colombienne était sauvage et la colonisation a beaucoup apporté à l’Amérique du Sud sur le plan religieux, mais également économique. Il y a eu une guerre de conquête, mais pas de génocide, les Indiens ont été victimes de pandémies. C’est le risque inhérent à toute colonisation, y compris celle à rebours…
Enfin, je ne peux pas évoquer 1492 sans parler du mouvement dit Nouvelle Kabbale, qui, prenant prétexte de l’expulsion des juifs, a combattu l’Espagne et le catholicisme, notamment en contaminant l’Occident par des doctrines cosmiques et illuminatives. Ce mouvement culturel est à l’origine de la théosophie des Rose-Croix, notamment de l’immense (et souvent méconnu) Jacob Boehme, inspirateur de Spinoza au même titre que Descartes. Il y a deux voies kabbalistiques vers la philosophie moderne et l’histoire officielle efface celle dite irrationnelle, la voie des illuminés, pour innocenter l’Orient de la suite, c’est-à-dire, soyons net, des génocides socialistes (le communiste, mais aussi le national-socialiste). Autre forfaiture de l’histoire officielle, la création d’un rationalisme cartésien. Non, c’est l’inverse, Descartes n’a pas apporté la raison à l’humanité, il la lui a fait perdre !
7. Malgré les apparences, vous donnez les mêmes origines et buts au rationalisme de Descartes qu’à l’éloge de la folie d’Erasme. Mâchoire et mandibule ?
Dans le langage thomiste, le rationalisme consiste en l’usage de la raison naturelle dont Dieu a pourvu l’humain, donc il doit respecter la Révélation. Prétendre à la raison contre Dieu est une « folie » car une inadéquation de la pensée avec l’objet créé par Dieu. Or Érasme fait l’« Éloge de la Folie » et Descartes fait dépendre l’Être du Cogito, deux démarches qui s’enchaînent : l’humain prend la place de Dieu. Érasme est un initié oriental – il s’adresse aux « Initiés de la Folie », c’est dans le texte – et, quand il est le précepteur de Charles Quint, il lui conseille de ne pas combattre les Turcs. Les Humanistes de la Renaissance sont favorables à l’islam, séduits par son ésotérisme, mais également parce que les mécènes commercent avec les Turcs. Ne cherchez pas ailleurs pourquoi le programme destiné à embrigader les étudiants s’appelle Erasmus.
Avec Descartes, la « Folie » au sens érasmien est maquillée en rationalisme. La raison ne vient plus de Dieu, mais de l’homme et l’issue logique est évidemment la négation de Dieu. Descartes invente un Dieu abstrait et mathématique qui deviendra celui de Newton, c’est-à-dire des francs-maçons. Déisme philosophique ou maçonnique, Dieu est une invention humaine – le fruit du Cogito -, donc in fine il est logique que l’athéisme l’emporte. Après Descartes, Dieu n’est plus l‘« Être qui Est », ni le Christ le Fils. Exit Dieu, exit le Christ. Or Descartes a vraisemblablement été illuminé par les Rose-Croix. Il tient sa « méthode » d’un fameux songe, lequel est une illumination qui correspond à l’initiation alchimique du mythique Rozenkreutz, littéralement Rose-Croix, lequel avait été initié à l’ésotérisme islamique et à la Kabbale.
Le théosophe Boehme a les deux mêmes sources occultes et Spinoza, Leibniz et Newton sont autant ses disciples que de Descartes. Tous sont à l’origine de la philosophie dite des « Lumières », mais, puisque celles-ci viennent du Diable, ce sont des Ténèbres. D’où le titre de mon livre le Siècle des Ténèbres. Le langage est inversé. De même, Descartes prétend à la raison, mais, puisque sa « méthode » est solidaire d’un idéalisme qui est une utopie – il repose sur une négation du réel et un mécanisme obsolète -, son rationalisme est une imposture. Le langage est inversé.
Fin des mensonges de l’histoire officielle : les deux voies ésotériques se rejoignent dans l’idéalisme moderne, donc aussi le matérialisme qui en descend, autrement dit toute la philosophie moderne est diabolique. Là encore, l’histoire le démontre : les Temps modernes ont déchristianisé le monde. C’était le but avoué des Rose-Croix. De nos jours, le buste d’un Rose-Croix célèbre, Comenius, trône à l’Unesco. Guerre culturelle, guerre financière, le but des forces occultes est la réduction de l’humanité entière en esclavage par le mondialisme, telle est l’actualité de la Conspiration des philosophes.
8. Dans des registres différents vous n’épargnez ni de la Boétie ni Rousseau, dont les citations sont pourtant populaires chez les opposants à la dictature sanitaire…
Un catholique doit se méfier de La Boétie et rejeter tout de Rousseau. La Boétie confond absolutisme et despotisme, alors que le premier est de droit divin et le second démocratique. Il en est ainsi du despotisme de la Renaissance, de l’« éclairé » du XVIIIe siècle et du contemporain. Le despotisme que nous subissons est celui de la République et La Boétie appelle à la République. Il est en cela un ancêtre de Rousseau.
Rousseau ne connaît que la fausse raison des « Lumières », dont il se démarque parce qu’il les assimile au rationalisme des philosophes, ce qui est en partie exact, mais ne l’empêche pas d’appartenir lui aussi au Siècle des Lumières. Car il n’y a pas que la voie « rationaliste » des « Lumières ». Rousseau est un irrationaliste, cependant « illuminé », donc lui est un philosophe des « Lumières » (même s’il n’en a pas conscience du fait de son ignorance philosophique 7).
La suite le démontrera, particulièrement en Allemagne avec le romantisme, qui est lié à l’Aüfklarung. Car l’Aüfklarung est l’aboutissement irrationnel de « Lumières » pourtant « rationalistes ». Le Siècle des Lumières a ainsi fini par rejeter une « raison » qui était son fondement.
Ce n’est pas d’Alain Pascal, c’est l’histoire. Et l’absurdité du langage se confirme, puisque les gauchistes sont des descendants des Lumières et qu’ils rejettent toute raison (et toute science, toute culture, parce qu’elles seraient « fascistes »).
C’est la faute à Rousseau.
Alain Pascal – La Réforme, cette révolution
La Boétie est le grand ami de Montaigne, que j’ai appelé l’« Érasme juif », parce qu’il est marrane. Montaigne sert d’intermédiaire entre Érasme et Descartes et ses Essais reprennent tous les poncifs Humanistes qui sont devenus les erreurs de la philosophie moderne, erreurs exploitées de nos jours par le mondialisme. Individualisme, relativisme religieux, culte républicain, etc.
Autre fait, La Boétie et Montaigne sont des ennemis du catholicisme, donc complices des protestants qui ravagent la France. Ils sont les « amis » au sens initiatique de Michel de l’Hospital, présenté lui aussi comme « tolérant » alors qu’il est anti-catholique. À l’époque, la France est catholique et le discours de La Boétie est publié par des protestants sous le titre Contr’Un, ce qui vise le roi. Montaigne écrit ses Essais anti-catholiques – le « que sais-je ? » met en cause le dogme – pendant les guerres de Religion, qui sont menées en France par les disciples de Calvin, Humaniste et protestant qui est probablement aussi marrane. Plus tard, le combat calviniste sera repris par Rousseau, qui est avec Voltaire l’un des pires philosophes des Ténèbres. L’un prétend au cœur, l’autre à la raison, les deux appellent à la haine anti-catholique. Quel que soit leur talent littéraire, La Boétie, attention danger, quant à Montaigne, Rousseau et Voltaire, leur place est à la poubelle de l’histoire !
9. Vous vous apprêtez à sortir un nouveau livre, L’intelligence du christianisme…
L’Intelligence du christianisme est un ouvrage dans lequel je cherche a montrer que le christianisme est la plus intelligente de toutes les traditions sur le plan théologique bien sûr mais aussi societal puisque le Sacrifice du Fils abolit le sacrifice humain et sa Révélation fonde la liberté et la raison. Le premier tome s’appelera L’humanité en quête de Dieu analyse des temps primitifs et des traditions paiennes mais aussi de la philosophie grecque. C’est un echec y compris du fait des juifs, ce pourquoi Dieu incarne le Fils. Le deuxieme tome aura pour titre De la Révelation à l’apostasie, drame qui explique l’echec moderne philosophique et politique. D’où l’immense erreur de Vatican II qui a fait pénétrer la Révolution dans l’Eglise.
10. Si Renaissance, Réforme, Révolution marquent les étapes de progression de la Gnose, que dire de celle du Great Reset ?
Je ne suis pas le premier à combattre les trois R, Renaissance, Réforme, Révolution, mais je ne connais pas de référence symbolique à cette lettre (les trois chiffres 666 qui correspondent aux trois W, oui 8). C’est vrai qu’il est surprenant que l’on parle de Reset 9. Réinitialiser un être « nouveau » est dans la suite de la Révolution, qui est une « ré-volution » – un retour au pré-chrétien -, donc à l’ésotérisme cosmique, ce qu’a montré à l’époque la fête de la « Régénération » ou la « Réintégration » des Élus Cohen. Encore des R ! De même que pour République, son culte de la déesse Raison et de nos jours le grand Remplacement !
Mais je ne suis pas un « obsédé du complot », je suis un observateur désolé du réel. Gnose, islam, Kabbale, Renaissance, Réforme, cartésianisme, « Lumières », Révolution, République, mondialisme, la filiation est certaine et le résultat inéluctable : plus le christianisme recule, plus l’humanité est victime de la violence sacrificielle. C’est donc pour ne pas me rendre complice de crime contre l’humanité que je mène une croisade culturelle ; il faut rétablir les vérités historiques, elles démontrent la Vérité religieuse. Le monde moderne ne tient que par un tissu de mensonges et on sait qui en est le Prince. Nous, catholiques, avons le devoir de résister aux forces occultes qui veulent damner l’humanité. Le Fils de Dieu s’est incarné pour nous sauver, nous sommes liés entre nous et à Lui par son Sacrifice rédempteur. Nous sommes des Croisés ! 10
Propos recueillis par Gregor OVITCH
1 – * Histoire Sainte, Moïse, op. cit. pp 240-241
2 – Cf. http://www.librairiefrancaise.fr/fr/analyses-actualite-etudes/6669-mai-68-et-la-destruction-de-la-france-alain-pascal-9791091058322.html
3 – https://noach.es/comprendre-la-logique-sacrificielle/
4 – L’imposture marcioniste, consistant à saper la promesse de l’Ancien Testament sans laquelle il ne peut y avoir d’accomplissement dans le Nouveau Testament en vue d’ôter la divinité du Christ, repose sur une décontextualisation voire une inversion, en faisant croire que seul ce peuple, obéissant à Yahvé et porteur de sa parole, sacrifiait. Or, tous les peuples sacrifiaient. Ainsi, Jean Vaquié rappelle que si le peuple hébreu a effectivement sombré dans le paganisme par sa mauvaise compréhension des attentes de Yahvé, ce qui lui sera reproché par Celui-ci, cela n’enlève rien à la réalité de sa Parole ni de l’Incarnation, objectif anti-chrétien inanavoué de Marcion et de ses adeptes.
5 – Cf. http://www.librairiefrancaise.fr/fr/occulte-lobbies-esoterisme-mysterieux/4772-la-pre-kabbale-alain-pascal-9791091058209.html
6 – Cf. https://noach.es/comprendre-la-magie-sociale/
7 – Rousseau n’a probablement pas étudié la philosophie des Anglais Hobbes et Locke, mais la connaît par l’intermédiaire de Diderot.
8 – En hébreu la valeur numérique de W est 6, donc www fait 666. Par ailleurs, pour comprendre le Point Omega fusion des corps subtils dans le plérôme hi-tech ; la Noosphère, l’Arpanet, l’Internet et le Metaverse étant cela selon leurs créateurs, consultez ces articles. Enfin, pour vérifier l’ominiprésence du symbolisme occulte les événements actuels, visionnez Covid-1984, le crime parfait – Un symbolisme occulte omniprésent d’Olivier Probst.
9 – Cf. https://noach.es/comprendre-l-ecologie/
10 – Slogan employé par Alain Pascal dans chacune de ses vidéos, accessibles sur sa chaine ainsi que sur son site. Retrouvez ici la playlist des extraits de cet entretien.
Bonjour, il y a t-il moyen d’avoir l’interview complète en une seule vidéo ?
Bonjour, vous avez Gnôsis réunissant Alain Pascal, Étienne Couvert et Roland Hureaux
https://www.youtube.com/watch?v=GXEk0v5ZZJk
Excellent article. Très bonne idée de mêler texte et vidéos !
Je lis actuellement les livres d’Alain Pascal qui fait un très bon travail. J’ai acheté les livres après votre article sur la gnose avec Étienne Couvert.
Merci de votre travail !
Merci de votre gentil mot. Leurs livres devraient aussi vous plaire, voire vous marquer.