Je suis écrivain, conférencier, historien des idées mais surtout de tout le reste, analyste en relations diplomatiques, chroniqueur en eschatologie, éditorialiste sous pseudo, géopolitologue auto-proclamé, essayiste en histoire des religions, essayeur en prospective géostratégique, commentateur de commentaires sur la fin des temps, théopolitologue autodidacte, érudit en érudition youtubesque, futurologue dissident, consultant en assurances, influenceur islamique et twittographe à plein temps.
La langue française montre rapidement ses limites pour me définir absolument, je vais donc vous offrir ici quelques indices.
J’ai depuis peu décidé de voler de mes propres ailes et d’en finir avec mon image de gendre idéal humble et bien élevé. J’ose aujourd’hui me définir comme LE spécialiste de la Dissidence en judaïsme à géométrie variable, expert émérite en deux poids-mesures messianique et maître distingué en théologies abrahamiques.
Il va sans dire que je suis sans conteste et avant tout un illustre chercheur indépendant. Mon champ d’investigation s’étend depuis les premiers manuscrits antiques jusqu’aux saintes écritures vétéro-testamentaires en passant par l’étude des prophéties hiéroglyphiques ou les appels aux dons pour que Christine Deviers-Joncour puisse garder sa demeure de charme à la campagne.
La maîtrise de ces disciplines, acquise par de longues heures d’ascèse dans les plus illustres bibliothèques du monde, m’a incidemment permis de développer de nouvelles facultés comme la prospective ou la futurologie.
De nationalité marocaine, ma maîtrise de l’arabe me permet de prononcer les patronymes des plus éminents musulmistes avec un accent parfait, ce qui plaît beaucoup à la frange de mon public français de circonstances. De confession musulmane, et afin d’appliquer scrupuleusement les préceptes coraniques, j’exerce à mes heures perdues la fonction de Conseiller géopolitique et stratégique pour l’association catholique Civitas. L’Islam étant une religion de paix et d’amour, j’aime œuvrer à la réconciliation avec mes frères chrétiens… tout en élargissant mon cœur de cible afin de maintenir ma place sur le podium des starlettes du Youtube Game.
Grâce à l’admirable abnégation du maître du logos et aux années de travail salutaire d’Égalité et Réconciliation, la chiassidence peut aujourd’hui compter sur le concours de nombreux fidèles mahométans. Je ne citerais ici que deux cas emblématiques à qui je tiens à rendre hommage pour leur soutien inconditionnel :
- Wilson, le fameux lusitanien de La Mecque du SPL (Service Public Libre). Éloquent dissident converti, toujours prêt à disserter sur le Great Reset ou les phénomènes intergalactiques dans sa pittoresque djellaba lisboète.
- Et mon frère des sables, l’inénarrable imam Abou Mouslym Safyyroullah, laborieux mais fier prosélyte sur Youtube avec lequel je ne refuse jamais une vidéo afin de me rappeler aux bons souvenirs de mes frérots des forêts.
J’en profite pour préciser ici à l’attention de mes coreligionnaires français que je ne sais rien – et c’est là l’exception qui confirme la règle – de la notion de Dounia. Par ailleurs, je me désolidarise radicalement de cette extrême-droite nauséabonde à laquelle on tente parfois sournoisement de m’associer, mais j’accepte volontiers de prêter, contre rémunération, ma plume et mon pseudonyme au journal Rivarol.
J’ai la chance de bénéficier bien malgré moi du phénomène de dhimmitude qui frappe, au dépourvu, une partie de mon public dit de souche. En France, en dehors de quelques sectes d’extrême-droite résiduelles qui osent encore appeler un chat un chat, le chantage au racisme est encore très puissant (contrairement à celui à l’antisémitisme qui n’existe plus comme je l’ai démontré, sans rire, dans cet article de prospective audacieuse). C’est une chance inouïe, et je remercie chaque jour le Très-Haut, d’appartenir à cette génération bénie qui succède celle de SOS Racisme. S’en prendre à un penseur marocain peut avoir de lourdes conséquences dans les milieux de l’ intelligentsia dissidente.
À ce sujet, j’évite de mettre de l’huile sur le feu inutilement en prenant soin de ne jamais l’aborder. Autant le Français est soumis, autant il n’aime guère qu’on le lui rappelle. Et puis j’ai des livres à vendre…
J’ajoute que je suis un des intellectuels organiques de pointe de plusieurs think-tanks de renom tel que Géopolitique profonde, dont les travaux sont judicieusement vulgarisés – pour le grand public – par le ténébreux journaliste résistant Mike Borowski, avec lequel j’aime collaborer malgré ses positions d’ultra-sioniste attardé et son inclination immodérée pour l’imbécilité profonde.
Jamais avare de paradoxes donc, je mets également une partie de mon ineffable savoir à la disposition du média Le Courrier des Stratèges, qui incarne avec panache la branche maçonnisante de la Dissidence pour boomers des beaux quartiers ; tandis que mes groupies à tendance islamophile attendent impatiemment ma prochaine interview sur la chaîne de mon compatriote et ami Rachid Achachi. Ce dernier, non content de tapiner pour la crème des média mainstream de l’oligarchie marocaine, aime jouer aux dissidents du bon côté de la Méditerranée, n’hésitant pas à appeler ouvertement à une guerre civile en Algérie.
Après avoir reçu fièrement son « maître à penser » Alexandre Douguine pour lui cirer les pompes pendant 3 heures, puis le grand intellectuel bouddhiste percheron Pierre-Yves Rougeyron…
Mon ami Achachi s’est récemment illustré en invitant Alain Soral dont la baguette à logos a pu bénéficier du fameux Programme Prestige (brossage, lustrage, polissage et finition brillance) exécuté avec tant de zèle que des mauvaises langues en auraient tiré des conclusions quant à la provenance du cheveu qu’il a sur la sienne.
Que mes lecteurs soient rassurés : ce grand écart dissident permanent ne me pose aucun problème. Grâce à une souplesse orientale innée, je peux aisément adapter mon discours en fonction de mon public, tout en retombant toujours sur mes pattes tel le chat du désert. Ce don qui m’a été accordé par la grâce du Très Miséricordieux m’autorise si bien à séduire une audience de cathos tradis, à faire la promotion d’un kabbaliste russe prônant l’instauration de la charia en Occident, ou encore à baboucher chez des agents du Grand Orient. Le tout en restant toujours un bon-musulman solidaire de mes frères gazaouis pendant qu’ils se font massacrer par la faction des mauvais juifs (les bellicistes messiano-sionistes), qu’il ne faut surtout pas confondre avec les bons juifs qui sont eux anti-sionistes… tant que Machiah continue de nous faire languir.
Naturellement, mes solidarités sont également à géométrie variable. Il m’est important de conserver une certaine cohérence et une continuité dans cette ambivalence qui tend à devenir une marque de fabrique. C’est la raison pour laquelle je n’ai jamais assez de mots pour m’indigner du sort des palestiniens mais que j’aime garder une certaine réserve quant à celui des enfants des rues du Maroc, livrés en pâture depuis des décennies à des prédateurs sexuels cosmopolites occidentaux dans un silence de mort.
Il faut dire que je n’ai, pour une raison qui m’échappe encore mais qui pourrait sûrement m’être expliquée par mon compatriote Achachi, pas encore commis d’ouvrage sur ce fléau qui fait tant de ravages dans mon beau pays. Dieu m’est pourtant témoin que le sujet est cher à mon cœur et me prend aux tripes jusqu’à mes racines les plus profondes. J’en ai même parfois du mal à trouver le sommeil le 29 février.
C’est mon petit côté aléatoire. Mon côté artiste… sûrement un atavisme familial.
J’entends bien que cela puisse paraître confus pour le commun des mortels ou même provoquer une certaine dissonance cognitive chez ceux qui essaieraient d’appréhender toute la complexité de ma pensée. C’est pourquoi je multiplie les apparitions dans les média dissidents afin d’offrir une synthèse de mes connaissances titanesques qui soit accessible au vulgum pecus. Les plus capables sont par ailleurs cordialement invités à acheter mes livres selon leur thématique préférée. Ouvrages que je promeus abondamment selon les aléas de l’actualité, les épurations ethniques et les génocides dont je sais m’indigner avec conviction et crédibilité même sur les canapés orange de la dissidence profonde.
N’ayant pas d’autre choix que d’accepter de vivre avec le poids de cette érudition prodigieuse qui dépasse, hélas, l’entendement de la grande majorité de mes semblables, je m’autorise parfois à traiter avec un mépris assumé les quidams qui oseraient me porter la contradiction sur Twitter. Ayant fait mes classes à l’école de la suffisance chez E&R, j’ai pu accéder à une formation des plus solides sur le terrain de la condescendance et du narcissisme. Les langues de vipères les plus jalouses de mon talent me reprochent même quelquefois d’avoir chopé le melon. D’autres sous-entendent que j’aurais pris trop d’assurance ou me reprochent certaines alliances, du fait que j’aurais loué mes lumières à une multinationale du WEF.
Comme chacun le sait, les contradictions sont inhérentes à l’Homme complexe qui s’astreint à dédier sa vie à la Pensée. Personne ne s’étonnera donc que les miennes soient fatalement de plus en plus nombreuses. Telle est l’inexorable rançon de l’intelligence à laquelle j’ai dû me résoudre. Il est vain de lutter contre la volonté du Créateur.
Je me dois par conséquent d’assumer le nombre de mes contradicteurs qui ne cesse incidemment de croître. J’en suis réduit à passer un temps considérable chaque jour sur Twitter, à insulter cette masse d’insignes incultes sous pseudo de « pauvre ignorant » afin de remettre cette horde de demeurés à sa juste place et mieux lui rappeler que Moi, j’ai du travail. C’est grâce à l’aide du Tout-Puissant que je parviens à sauvegarder le temps nécessaire à mes recherches en appliquant une méthode aussi simple qu’efficace : si le contradicteur se montre trop pertinent, voire bien informé, je me contente d’éluder sa remarque en oubliant accidentellement de lui répondre.
Cette ancestrale technique orientale apprise dans des grimoires antédiluviens me permet de préserver les quelques minutes si précieuses à la bonne poursuite de mon combat. Celui de La Cause, celle qui surdétermine toutes les autres. Celui de ma vie : être invité sur le plateau de Sud Radio à l’émission « Bercoff dans tous ses états juifs », pour y débattre en duel face à mon concurrent de toujours, mon meilleur ennemi de la palmeraie : l’hyper-docteur Idriss Aberkane. Bien que cette rivalité puisse paraître puérile voire pathétique pour les plus simples d’esprit, j’encourage mes fidèles groupies à maintenir leurs efforts afin que cette joute des sables puisse enfin avoir lieu.
Le sort de la Dissidence en dépend. Et donc celui de la France.
Pour conclure sur une note de paix et d’espoir et remettre un peu d’égalité et de réconciliation entre marocains et algériens, citons la célèbre romancière et poétesse algéroise Katia Hacène à qui notre personnage mystère vient de rendre un si bel hommage malgré lui en publiant ce tweet dit « de la prostituée qui se moque du trottoir ».
Qui suis-je ?
Béa CHELLES
Merci d’abord pour votre travail, salutaire, et ce ton, vachard à souhait. Pas impossible qu’il existe en sous-main un lien entre Hindi et Aberkane, le premier ayant notamment pour mission de nous faire baisser la garde face à l’islam, le second de faire passer le pire comme la colonisation de Gaza par Israel.
Vous faites du très bon travail. c’est un plaisir d’écouter vos analyses, et d’avoir des sources d’informations variées pour se faire une idée globale plus précise.